28 février 2021 à 8h30 par Christophe Schmitt 1 978 0
Anne Immelé : « J’ai pu me rendre compte de l’attachement fort des habitants au Nouveau Drouot »
Anne Immelé : « J’ai pu me rendre compte de l’attachement fort des habitants au Nouveau Drouot »
28 février 2021 à 8h30 par Christophe Schmitt1 9780
La photographe Anne Immelé a arpenté le « Nouveau Drouot » pendant près d’un an, pour effectuer un travail photographique de mémoire, « Oublie oublie », paru aux éditions Médiapop. Alors que les engins de chantier investissent le quartier pour sa déconstruction, M+ a rencontré la photographe. Entretien.
Quel est votre parcours ?
Je suis née à Mulhouse mais j’ai grandi à Colmar. J’ai ensuite étudié la photographie à Arles puis les arts visuels à Québec. Je suis revenue en Alsace par hasard, pour travailler à la galerie de La Filature et cela fait une vingtaine d’années que je suis ici, j’aime beaucoup cette ville, il y a beaucoup d’initiatives !
« Oublie Oublie », votre livre sorti en novembre dernier, met à l’honneur le quartier Drouot…
Cela fait suite à une commande de l’Agence nationale du renouvellement urbain (ANRU) et du service culturel de la Ville, autour du « Nouveau Drouot », qui m’a énormément intéressée. Dans ma pratique photo, j’aime garder une trace de ce qui va disparaître, ce qui était le cas dans ce projet, en vue de la démolition du quartier. La dimension humaine est aussi importante, le but était d’aller à la rencontre des habitants, de faire des portraits…
Comment avez-vous abordé ce travail avec les habitants ?
J’avais rarement été au nouveau Drouot, qui est résidentiel, si on n’a rien à y faire, on n’y va pas. La difficulté était de commencer le projet avec les habitants, sans pour autant s’immiscer dans l’intimité des personnes photographiées. Avec Marc Guénard, qui a aussi fait des photos du quartier, nous avons passé beaucoup de temps à rencontrer des acteurs du quartier. En 2009, pour mon livre « Les antichambres », j’avais fait un atelier photo au Drouot et rencontré Jean-Pierre Schellinger, qui est très impliqué dans le quartier. Pour ce nouveau projet, il m’a accompagnée, c’était formidable, il connaît tout le monde !
Des choses vous ont elles surprise ?
J’ai assisté au murage des appartements et pu me rendre compte de l’attachement fort des habitants à ce quartier. J’aime beaucoup le portrait de Malika, qui est née dans le quartier et qui y est extrêmement attachée, c’est très émouvant. Je ne m’attendais pas à rencontrer des habitants qui étaient là depuis le début. Plus qu’aux murs, les gens sont attachés à leur passé et aux relations avec les autres, dans un quartier où tout le monde se connaît.
Dans ce livre, le quartier semble se livrer à vous, sans filtre…
Pour moi, c’était important de participer au travail de mémoire, je ne voulais ni donner une image trop positive, ni ne montrer que les détériorations. Il y a beaucoup de photos prises dans la rue, j’ai souvent pris des photos au même endroit, d’autant plus que le quartier est petit. J’avais cette impression que les lieux étaient une scène de théâtre où les choses se rejouent différemment et j’ai aussi vu les gens se transformer au fil des mois.
« Oublie Oublie », est un titre presque paradoxal pour un travail de mémoire…
C’est paradoxal ! C’est impossible d’oublier et ce livre est un livre pour se souvenir. C’est une injonction paradoxale !
Le livre est sorti en novembre, avez-vous eu des retours des habitants ?
Si « Oublie Oublie » est diffusé en librairies, le but est de l’offrir aux habitants. La dernière fois que je suis allée dans le quartier, des personnes sont venues me voir pour que je les photographie devant leur immeuble. Les gens que j’ai croisés et qui ont vu le livre étaient émus.
« Oublie Oublie », éditions Mediapop, 25€ en librairies.
+ d’infos sur mediapop-editions.fr
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