5 avril 2024 à 12h01 par Christophe Schmitt 2 044 0
Aya Cissoko : « La boxe, c’est comme la vie, il faut avancer en prenant le moins de coups possibles »
Aya Cissoko : « La boxe, c’est comme la vie, il faut avancer en prenant le moins de coups possibles »
5 avril 2024 à 12h01 par Christophe Schmitt2 0440
Marraine de l’édition 2023 du festival Motàmot, Aya Cissoko était de retour à Mulhouse, ce jeudi 4 avril. L’ancienne championne du monde de boxe, devenue écrivaine et comédienne a rencontré de nombreux collégiens, dans le cadre du projet inter-collèges « Mulhousien et fier de l’être ».
Ce n’est pas tous les jours que des collégiens ont l’occasion de rencontrer une ancienne championne du monde de boxe, devenue écrivaine. Alors quand Aya Cissoko entre dans une salle du collège Villon, les regards sont impressionnés, la parole timide. « Est-ce que vous êtes fière de votre carrière ? » La réponse à la première question posée par un collégien donne le ton de la rencontre, qui durera une heure, durant laquelle Aya Cissoko distribuera des leçons de vie comme autant d’uppercuts dans sa carrière de boxeuse, des messages d’espoir comme autant de pages noircies dans ses livres. « Je suis fille de parents maliens, j’ai grandi en cité, répond Aya Cissoko. Vu la vie qui a été la nôtre, nous étions voués à l’échec, personne n’aurait parié sur nous. À force de travail et de personnes qui m’ont encouragée, j’ai été championne du monde de boxe, j’ai écrit des livres et continué à tracer mon chemin. On ne se fait jamais tout seul ! »
« On n’oublie pas d’où on vient »
« Ces jeunes, c’était moi hier, on n’oublie pas d’où on vient. J’aurais aimé que des adultes me tiennent ce genre de discours », confie Aya Cissoko, qui a passé son jeudi à courir de collège en collège, un comble pour une ancienne sportive de haut-niveau. Au programme : des rencontres dans pas moins de quatre établissements (collèges Wolf, Saint-Exupéry, Bourtzwiller et Jean Macé), qui s’inscrivent dans le cadre du projet inter-collèges « Mulhousien et fier de l’être ». « Ce projet a été créé il y a trois ans, explique Alfred Oberlin, adjoint au maire délégué aux Solidarités intergénérationnelles. L’objectif est que les collégiens de différents quartiers se rencontrent autour d’un travail commun, pour développer la citoyenneté et la tolérance. Cette année, le projet est axé autour de l’olympisme. »
Travail et pugnacité
Aussi pour développer aussi la confiance en soi et ouvrir le champ des possibles à des enfants pas forcément issus de milieux favorisés. « Au collège, j’avais écrit sur mon agenda qu’un jour je se serai championne du monde de boxe », lance Aya Cissoko aux élèves des collèges Jean Macé et Villon. Une manière de dire à ces derniers que si l’on se donne les moyens de ses ambitions, il est possible d’y arriver, non sans rencontrer certains écueils pour autant. « Après ma carrière de boxeuse, j’ai fait Sciences-po Paris, poursuit Aya Cissoko. Pour moi, c’était inaccessible mais j’en ai eu l’opportunité et c’était beaucoup, beaucoup de travail. Quand on est enfant de parent pauvre, rien ne vous est donné, c’est injuste mais c’est comme ça et ça suppose de travailler plus que certains ! »
« Choisissez vos héros ! »
Au fil de la séance, les langues se délient, les murs tombent et certains collégiens se reconnaissent sans doute dans la figure de cette femme, noire, issue d’un milieu populaire, pas épargnée par la vie, qui a malgré tout embrassé une grande carrière et qui, pourtant, vit le plus normalement du monde et leur distille de précieux conseils. « Combien avez-vous mis de KO dans votre carrière ? » demande un élève. « La boxe, c’est comme la vie, il faut avancer en prenant le moins de coups possibles », répond l’écrivaine, avant d’éveiller les esprits sur les réseaux sociaux, entre autres. « Choisissez vos héros ! Ceux qui montrent qu’ils ont les plus belles montres ou les plus grosses voitures ne sont pas ceux qui vous soignent ou font votre pain ! Moi, mon héros, c’est ma mère ! Pensez par vous-mêmes, les réseaux sociaux, ce n’est pas la vraie vie, c’est important de faire preuve d’esprit critique et de libre arbitre ! »
Faire réfléchir
« Ça vous fait plaisir d’être interviewée ? » lance une collégienne. Désolée pour les journalistes présents, Aya Cissoko répond sans retenue, en toute sincérité : « Les journalistes, je m’en fiche, ce qui me fait plaisir, c’est d’être là sur le terrain et de discuter avec vous. Ce qui me plaît, c’est d’échanger et de vous transmettre un peu de mon expérience, en espérant que ça puisse vous faire réfléchir ! » Le message est passé 5 sur 5. À la fin de la séance, les élèves exposent, en vrac, ce qu’ils ont retenu de cette rencontre : « Croire en ses rêves, découvrir, être focus sur un objectif, être curieux, apprendre de ses erreurs, être pugnace… » Et, sans doute aussi qu’une personne qui n’a pas grandi dans un milieu favorisé et sur laquelle peu de monde aurait parié, peut devenir une grande dame, tout en gardant les pieds sur terre.
Bio express
Née en 1975 de parents maliens, Aya Cissoko a grandi et vit toujours en région parisienne. Championne du monde de boxe française en 1999 et 2003 et de boxe anglaise en 2006, elle doit stopper sa carrière la même année, à la suite d’une fracture des cervicales. Après son opération, elle choisit de démarrer une nouvelle vie et est admise à Sciences-po Paris, en 2009. En 2011, elle publie Danbé, son autobiographie qui obtient le Grand prix de l’héroïne Madame Figaro. Deux ouvrages suivront : N’ba en 2016 et Au nom de tous les tiens, en 2022. En 2023, Aya Cissoko était la marraine du festival mulhousien de l’écriture, Motàmot.
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