Noumatrouff, Mulhouse
Artisan d’un son à la fois unique et fascinant, le Poly-Rythmo est l’un des plus grands orchestres africains, pour lequel la polyrythmie n’est pas un vain mot. Auteur de centaines d’enregistrements, cet orchestre est l’un des plus prolifiques de tout le continent. Au gré de sa cinquième décennie d’existence, le Poly-Rythmo est aujourd’hui le plus ancien orchestre africain encore en activité.
À la croisée des années 1960 et 1970, la formation se structure autour d’influences venues des musiques traditionnelles béninoises, de la soul et du funk américain, de l’afrobeat nigérian, de la rumba congolaise et du high-life ghanéen, mais aussi de la variété française et des rythmes afro-cubains. Le chef d’orchestre Mélomé Clément opte pour le terme Poly-Rythmo, en raison de la grande variété de rythmes maîtrisés et joués.
Dans les thèmes de ses chansons, le groupe évoque aussi bien l’évolution de la société béninoise et ses travers que la complexité des relations amoureuses. Poly-Rythmo se hisse rapidement au rang des meilleurs orchestres modernes africains. De 1969 au milieu des années 1980, la formation publie des centaines de 45 tours et des dizaines d’albums.
En 1982, la disparition du guitariste Papillon, puis celle du batteur Léopold, sonne le glas momentané aux ambitions de l’orchestre. Celui-ci survit tant bien que mal au fil des décennies suivantes. Il faut attendre 2008 pour que le
Poly-Rythmo se reforme véritablement autour de Mélomé Clément, de Gustave Bentho et de Vincent Aheheninnou. De 2009 à 2012, l’orchestre sillonne ainsi le monde, visitant l’Europe, le Japon, le Brésil, l’Amérique du Nord mais aussi une grande partie de l’Afrique. En 2011, l’album « Cotonou Club » marque le retour discographique de la formation.
Après le décès du chef d’orchestre historique Mélomé Clément en décembre 2012, le chanteur Vincent Ahehehinnou, le bassiste Gustave Bentho et le chanteur Loko Pierredécident de préserver la flamme du Poly-Rythmo. Ils reprennent les répétitions et commencent à composer de nouveaux morceaux. À l’issue d’une visite dans leur local de répétition en 2014, Florent Mazzoleni décide d’enregistrer de nouveaux titres avec eux.
Le groupe reprend donc le chemin du légendaire studio Satel. C’est là où l’histoire du groupe s’est écrite à une époque où le Poly-Rythmo inventait l’afrobeat en même temps que Fela Kutiavec lequel il jouait souvent, que ce soit à Lagos ou à Cotonou.
Réalisé par le burkinabè Eliezer Oubda et produit par Florent Mazzoleni, cet album achevé en Juin 2016, écrit un nouveau chapitre de l’histoire du Poly-Rythmo. Ces dix chansons laissent la part belle aux compositions de Vincent Ahehehinnou, mais aussi à celles de Loko Pierre et de Gustave Bentho, les membres historiques de la formation.