Une plantation de pommiers le long de l’Ill, suivie d’une drôle de procession cacophonique… En résidence à La Kunsthalle jusqu’au mois de juin, le collectif Encastrable a présenté la première étape de son travail, en public, ce mercredi.

En parallèle des expositions qu’elle présente tout au long de l’année, La Kunsthalle invite des artistes pour des résidences au long cours. Depuis le mois de septembre et jusqu’à juin 2025, ce sont les Strasbourgeois Antoine Lejolivet et Paul Souviron, réunis sous la bannière du collectif Encastrable, qui élaborent leur projet artistique sur le territoire mulhousien. « Cette année, notre sujet est la thématique de l’eau et, plus particulièrement, de l’Ill, la rivière qui traverse l’Alsace. Je connais le collectif Encastrable depuis longtemps, il m’a semblé qu’ils étaient les bons artistes pour développer un projet ici », confie la directrice de La Kunsthalle, Sandrine Wymann.

Créer une œuvre dans l’espace public

Le binôme, qui a fait ses armes lors de résidences sauvages dans des magasins de bricolage, où il réalisait des sculptures in situ avec les matériaux trouvés sur place, s’est ainsi retrouvé dans la Cité du Bollwerk pour un travail au long cours, qui prendra forme au fil du temps. « On a été aux Archives, on a longtemps marché le long de l’Ill, on rencontre énormément de monde, explique Paul Souviron. L’objectif est de créer une œuvre dans l’espace public, en lien avec la rivière et ses usages. » S’il est impossible d’en savoir plus sur la finalité de ce travail, le public a toutefois pu en découvrir la première étape, ce mercredi, le long de l’Ill, au niveau de la Maison des berges.

Pomme cloche et instruments d’alerte

Là, les artistes ont planté 12 pommiers cloche en espalier, sur une surface d’un mètre carré, avant d’entamer une procession jusqu’aux jardins de l’entreprise Solinest de Brunstatt-Didenheim, où 12 autres arbres ont été plantés. Un geste anodin de prime à bord, mais plein de symboles. Les arbres plantés sont un clin d’œil cynique aux entreprises qui s’achètent une bonne conscience, en plantant des arbres pour compenser leurs émissions carbone : « C’est symbolique, mais on anticipe la quantité de carbone qu’on devra produire pour notre projet », confie le binôme. La variété de la pomme cloche, endémique du Sud de l’Alsace, a été choisie en lien avec la cloche, instrument d’alerte. L’heure de la plantation, le premier mercredi du mois, à midi, fait référence à la sirène d’alerte. Enfin, le public a été invité à fabriquer des instruments d’alerte pour que la procession soit cacophonique…

Prise de conscience écologique

L’écologie et l’alerte sont donc la toile de fond de ce projet artistique. « On est dans un propos sociétal, toujours en réaction par rapport au paysage contemporain, poursuit le binôme. C’est un premier geste… » Après l’exposition « Power Up » du début d’année, qui questionnait la question des énergies et notamment du nucléaire, La Kunsthalle se penche une nouvelle fois sur des questions environnementales. « Il y a une prise de conscience écologique et militante, c’est là où les artistes nous emmènent, ça fait écho aux questions que se pose la société », conclut Sandrine Wymann.

+ d’infos sur kunsthallemulhouse.com et www.encastrable.net