De chauffeur poids lourd à champion de France de Haïku, c’est le grand écart fait par Aurélien Crifo alias Karl, également rappeur et slameur. Rencontre avec un amoureux des mots.
« On peut être ce que l’on veut, mais il faut s’en donner les moyens ». C’est par ces quelques mots que l’on pourrait décrire le parcours d’Aurélien Crifo. D’abord chauffeur poids lourd, puis chauffeur de bus, le natif de Strasbourg s’est reconverti professionnellement, il y a quelques années. « À la base, j’avais juste un brevet des collèges. Et puis en 2019, j’ai passé un DAEU (Diplôme d’accès aux études universitaires), l’équivalent du bac. J’ai passé ensuite une licence de management de projet éducatif social et culturel », raconte Aurélien Crifo.
Fort de son parcours, il monte l’association Jouons avec les mots (sur laquelle il réalisera son mémoire pour sa dernière année d’études), au sein de laquelle il anime des ateliers d’écriture et d’interprétation de slam, chaque semaine à Mulhouse. Et le premier vendredi de chaque mois, il organise une soirée « scène ouverte » au restaurant solidaire La Table à Bourtzwiller (prochain rdv le vendredi 1er décembre à 18h30). « D’abord on écrit, on échange, puis les participants restituent leurs textes et, parfois, on termine par un tournoi », explique Aurélien Crifo.
Trois albums de rap au compteur…
Mais ce qui porte Aurélien Crifo dans ses projets, c’est avant tout son amour pour les mots. Il décrit le rap comme une « forme de poésie ». « Depuis une quinzaine d’années, j’écris, je me suis construit un réseau. J’ai sorti mon premier album Les fables de La Foutaize, en 2013 », révèle le rappeur. Cette même année, il monte même sur la scène du Noumatrouff pour jouer quelques morceaux, en première partie de Kery James. S’en suivent deux autres albums : Karl en 2018 et Draksoy, composé de treize titres, en 2021. Autre type de pratique où l’artiste de 41 ans excelle : le slam. Finaliste individuel de la Ligue de slam en 2011, il s’est également illustré l’année dernière en se qualifiant pour le grand slam national de poésie. Il tient à le rappeler : « Le rap et le slam, ce n’est pas la même chose. Le rap, c’est une forme de poésie tandis que le slam, c’est a cappella, sans accessoires ».
Et un titre de champion de France
Depuis quelques mois, une nouvelle passion anime Aurélien Crifo : le Haïku, une forme japonaise de poèmes très courts. « Tout est parti d’un livre – « L’art Du Haïku de Basho » – qu’un ami m’a prêté. Le Haïku, ça me permet d’écrire des choses courtes, juste parfois quelques pensées », raconte le rappeur. En mai, il participe pour la première fois au Championnat de France de Haïku, le 20e Slam national de Haïkus… Qu’il remporte ! « Cette année, j’ai voulu participer au championnat pour voir si j’avais compris le truc. J’y suis allé avec quelques potes et j’ai écrit juste avant de monter sur scène », explique-t-il. « Karl » a d’ailleurs récité un Haïku sur Mulhouse, sa ville de cœur : « Un long brique tout jaune, dans la maison du moulin, traçait son chemin. » Carton plein pour sa référence au tramway jaune, qu’il observe, chaque jour, depuis sa fenêtre et qui lui a, en partie, permis de remporter le titre.
Parole simple
directe au coeur pointé
fait vite mouche
Patte de mouche
belle empreinte de branche
dessine l’oiseau
Un régal de graines
Vole, picore l oiseau
Tressaille de tout
Mulhouse haîku
De nuit comme de jour
à vélo-véloce, filer !
les bipèdes amers
Impatiente de vous lire, car se distraire en usant à la légère des mots mais pour aussi exhaler un état d’esprit , une saison, tout un art !bonjour patience
Ravie que Mulhouse vous ait valu les honneurs, ma ville sans plus y être mais ma ville,