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8 juillet 2022 à 14h54 par 1 716 1

Benoît André, directeur de La Filature : « Construire une saison, c’est un pari ! »

Benoît André, directeur de La Filature : « Construire une saison, c’est un pari ! » | M+ Mulhouse
Benoît André, directeur de La Filature : « Construire une saison, c’est un pari ! » | M+ Mulhouse

Benoît André, directeur de La Filature : « Construire une saison, c’est un pari ! »

8 juillet 2022 à 14h54 par 1 7161

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Temps de lecture : 5 minutes

Après deux ans compliqués en raison de la crise sanitaire, La Filature revient, pied au plancher, pour un cru 2022-2023 plein de panache. Entretien avec son directeur, Benoît André.

Vous avez pris vos fonctions à l’aube de la crise sanitaire, on aurait pu imaginer des débuts plus faciles…

Je suis effectivement arrivé deux mois et demi avant le confinement. Les conditions n’étaient clairement pas idéales pour prendre la barre de ce navire. Durant tout ce temps, on a essayé de se maintenir à flot en multipliant les propositions, notamment autour du numérique, comme pour le festival Les Vagamondes 2021, ou en novembre 2020, lors de la captation du concert sans spectateurs d’Angélique Kidjo… même si rien ne remplace le spectacle vivant ! Nous avons aussi mené un travail gigantesque pour maintenir le lien avec le milieu scolaire dans le cadre de nos actions. Nous avons encore mis en place une « Micro-folie », plateforme culturelle de proximité, avec le soutien de la Préfecture du Haut-Rhin… Malgré des difficultés évidentes due à la période, j’ai pu mettre en route certains projets, même s’ils ne voient le jour que maintenant, à l’image de la belle collaboration avec le Ballet de l’Opéra national du Rhin avec Kamuyot. Une pièce tout terrain, présentée la première semaine de juillet dans les gymnases mulhousiens (Ndlr : Schoenacker, Caserne Drouot et Complexe sportif de la Doller). L’un de mes objectifs, en arrivant à La Filature, était d’aller à la rencontre de nouveaux publics, on y arrive !

« Proposer une saison joyeuse »

Comment avez-vous construit cette nouvelle saison, qui s’ouvrira en septembre ?

C’est une réelle joie de repartir sur une saison complète. Plusieurs axes m’ont guidé dans la programmation. D’abord, je l’ai volontairement allégée, car les deux précédentes saisons, marquées par de nombreux reports, ont été très chargées pour les équipes. Ensuite, je l’ai construite en faisant des clins d’œil à un certain nombre d’artistes identifiés par le public, car déjà venus dans nos murs. C’est dans cet esprit que l’on retrouvera, à La Filature, Sophia Aram en ouverture de saison (le 23 septembre avec l’Orchestre national de Barbès), la Cie théâtre de La Cordonnerie (du 19 au 22 octobre), ou encore David Bobée avec Dom Juan (4 et 5 mai)… L’idée centrale est de proposer une saison joyeuse, la plus festive possible, à travers de beaux rendez-vous et des surprises en capacité de susciter l’étonnement.

Quels sont vos coups de cœur ?

Parmi les jolies découvertes, même s’il est déjà venu une fois à La Filature par le passé, Thomas Jolly (Arlequin poli par l’amour, en novembre, puis Le Dragon en février) fait partie des metteurs en scène qui s’adressent le mieux aux publics les plus jeunes. Il est surnommé le « metteur en scène 2.0 », il réinvente les codes du théâtre. C’est d’ailleurs lui qui est en charge de la mise en scène de Starmania, qui va être remontée pour une tournée des très grandes salles. Il y a également le retour de Christoph Marthaler, un grand monsieur du théâtre. Avec « Das Weisse vom Ei » (Une île flottante), en janvier, il présentera une pièce très facile d’accès, qui s’inspire des codes du boulevard pour en faire un moment extrêmement drôle, avec des comédiens fabuleux . En début de saison, et toujours en théâtre, il y aura un très beau rendez-vous avec Cyril Teste, un jeune metteur en scène français, qui travaille beaucoup la vidéo. Il viendra présenter La Mouette autour de Tchekhov (en septembre).

En danse, plusieurs rendez-vous seront présentés autour de Damien Jalet que l’on devait accueillir initialement en 2020-2021. C’est un chorégraphe passionnant, que le public connait sans forcément le savoir : il est le co-créateur de toutes les pièces de Sidi Larbi Cherkaoui, chorégraphe que La Filature accueille régulièrement. Les trois pièces présentées (Skid en novembre, Vessel en janvier, Thr(o)ugh en mai) ont toutes une force particulière et une singularité.

En musique, je citerai Roberto Negro, qui signe un ambitieux projet orchestral : associer son trio d’improvisation libre aux musiciens de l’Ensemble intercontemporain. Cette création se déroule à La Filature dans le cadre du Festival Jazzdor (en novembre). Avant Noël, on s’est dit qu’un moment de douceur serait le bienvenu : on a donc invité Yolande Moreau et le chanteur des Têtes Raides Christian Olivier, autour de Prévert (en décembre). Pour bien commencer la saison, on se réjouit d’accueillir Sophia Aram et l’Orchestre national de Barbès (en septembre). Enfin, les Nuits de l’étrange sont reconduites pour la deuxième édition (28 et 29 octobre), entre spectacles, expo, performances, ateliers et parcours…

« Attirer de nouveaux publics »

L’un des enjeux de cette saison sera aussi de reconquérir le public durablement, comment comptez-vous vous y prendre ?

Comme d’autres structures culturelles, nous avons communiqué la programmation de la saison passée en deux temps. En limitant la communication aux seuls événements sur cinq mois, nous avons au final plus inquiété que rassuré les gens. Avec le recul et au regard de ce qui s’est passé dans d’autres structures, c’était une erreur : nous avons tous connu des problèmes de remplissage des salles. Comme je l’ai dit précédemment, cette nouvelle programmation est orientée vers des artistes qui entretiennent déjà une relation avec le public de La Filature, même si cela n’exclut pas la découverte. Je crois aussi très fort en la multiplication des partenariats avec des acteurs locaux, comme nous l’avons fait avec Le Noumatrouff (Ndlr : lors du concert de Sofiane Pamart par exemple) et cette saison avec le Mulhouse Climbing Center avec qui on proposera « Corps extrêmes » (27 janvier) de Rachid Ouramdane, qui convoque sur scène une championne du monde d’escalade. Au-delà de notre travail en milieu scolaire, nous essayons aussi de programmer des rendez-vous en capacité d’attirer de nouveaux jeunes publics, comme avec « Music for 18 Musicians » (en juin), un concert dansé, participatif et ludique. Enfin, sur le plan des tarifs, ils restent inchangés et globalement très accessibles. Après, construire une saison, c’est à chaque fois un pari, il n’y a jamais de certitudes.

Un des nouveaux rendez-vous, mis en place la saison précédente, sont les « Dimanches à La Filature ». Allez-vous les poursuivre ?

Non seulement, on va les reconduire mais on va les développer, à raison d’un rendez-vous mensuel (à partir du dimanche 18 septembre à 10h). L’idée, c’est d’attirer des publics qui ne mettent pas les pieds à La Filature, car ils pensent que ce n’est pas une maison faite pour eux. Avec ces « Dimanches à La Filature », on souhaite proposer un « tiers lieu » entre Scène nationale, galerie d’expo, médiathèque, la mezzanine (…) mixant de petites formes de spectacles, des ateliers, des conférences (…) pour voir, se rencontrer, échanger (…). On a débuté fin 2021 par une formule brunch avec un concert de musique de chambre de l’OSM, on a fait le plein en attirant de nouveaux publics. On souhaite vraiment que les Mulhousiens prennent possession, le dimanche, de ce lieu ouvert aussi aux partenaires, associations et forces vives pouvant proposer des activités. Il faut se réinventer pour attirer de nouveaux publics.

Quid du restaurant de La Filature ? 

Ça fait 29 ans que l’on en parle ! Même si je ne peux pas annoncer de date d’ouverture, je peux vous affirmer que le projet de restaurant de La Filature avance. Doucement, mais il avance !

Propos recueillis par Marc-Antoine Vallori 

+ d’infos, programmation de la prochaine saison et réservations sur lafilature.org

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Une réponse à “Benoît André, directeur de La Filature : « Construire une saison, c’est un pari ! »

  1. A Mulhouse ce ne sont pas les infrastructures qui manquent, la filature, parc-expo, stade le l’Ill, palais des sports….Malheureusement le programme est plat pour les uns, inexistant pour les autres, à l’image de la ville pauvre en événements. La question est de savoir comment attirer du tourisme dans une ville où il ne se passe jamais rien????

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