20 octobre 2020 à 17h06 par Christophe Schmitt 1 927 0
Cimetière : le patrimoine au service de l’insertion des jeunes
20 octobre 2020 à 17h06 par Christophe Schmitt1 9270
Permettre à des jeunes de se réinsérer, tout en préservant le patrimoine mulhousien : c’est le pari qu’ont fait l’association Mémoire mulhousienne et Sémaphore. Depuis trois ans, des jeunes de la Plateforme d’accroche des « perdus de vue » de la mission locale investissent en effet le cimetière central afin d’y rénover des sépultures remarquables.
« Notre association a été créée en 1994 avec la mission de préserver et mettre en valeur les sépultures remarquables du cimetière », introduit Joël Eisenegger, le président de Mémoire mulhousienne. Et dans l’immense dédale qui ne compte pas moins de 40 000 sépultures, les tombes remarquables ne manquent pas. De nombreuses figures qui ont marqué l’histoire mulhousienne de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle reposent en effet ici : chimistes, industriels, artistes… « C’est un cimetière exceptionnel en terme d’histoire, qui est classé depuis 2007 et site patrimonial remarquable depuis 2016, poursuit Joël Eisenegger. Cela induit que l’on ne peut pas supprimer certaines tombes ! »
900 sépultures remarquables
Quelque 900 sépultures présentent ainsi un intérêt historique, de par leur âge ou en qualité du personnage qui y repose. « Ce cimetière a été créé en 1874 et est l’œuvre de Jean-Baptiste Schacre. La plupart des tombes historiques ont été transférées depuis l’ancien cimetière, qui était situé à la place du parc Salvator », poursuit le président de Mémoire mulhousienne, qui organise des visites du cimetière plusieurs fois par an et dont les bénévoles défrichent les tombes remarquables une fois par mois.
Des jeunes en décrochage
A raison de 900 tombes à défricher pour une dizaine de bénévoles, l’ampleur de la tâche est énorme. C’est en faisant ce constat que Mémoire mulhousienne a engagé un partenariat avec la Plateforme d’accroche des « perdus de vue » de Sémaphore il y a trois ans. A raison d’une fois par semaine, entre mai et octobre, entre trois et six jeunes s’équipent de râteaux, spatules et autres binettes, pour entretenir ce patrimoine. « Ce sont des jeunes de 16 à 25 ans, en décrochage scolaire ou professionnel, explique Samia Bourouais, éducatrice à Sémaphore. L’objectif est de leur redonner le goût, l’envie, la curiosité et la confiance en eux ! »
« Ce n’est plus bizarre »
« Au début, je ne voulais pas venir travailler dans un cimetière, s’amuse Rijad. Mais on nous apprend des choses et ce n’est plus bizarre du coup ! Ici, on apprend des choses et puis, quand les gens passeront, ce sera propre et ça fait plaisir. » Si la perspective de travailler dans un cimetière peut freiner les jeunes, la pédagogie et l’objectif l’emportent sur l’appréhension. « Ils savent pourquoi ils sont là, on leur explique qu’il y a toute une histoire et c’est aussi ça qui les intéresse », poursuit Samia Bourouais, qui organise également des ateliers de musique, de sport ou de cuisine les autres jours de la semaine.
Sortir les jeunes des ronces
« Si on est pas là pour amorcer ce travail avec eux, ils vont rester dans les ronces longtemps », poursuit l’éducatrice. Pour cette année, à la veille de l’hiver, Rijad et ses compagnons de cimetière ont terminé leur mission de rénovation du patrimoine et coupé de nombreuses ronces. De l’appréhension est née la curiosité et du décrochage est née l’envie : plusieurs d’entre eux souhaitent désormais poursuivre un parcours et, pourquoi pas, travailler au Zoo au contact des animaux.
+ d’infos sur www.memoire-mulhousienne.fr et www.semaphore.asso.fr
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