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Cité de l’emploi de Mulhouse : simplifier et lever les freins à l’emploi

Cité de l’emploi de Mulhouse : simplifier et lever les freins à l’emploi | M+ Mulhouse
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Cité de l’emploi de Mulhouse : simplifier et lever les freins à l’emploi

21 janvier 2022 à 11h42 par 2 1600

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Temps de lecture : 5 minutes

Lever les freins à l’emploi des personnes qui en sont le plus éloignées : c’est tout le sens du dispositif « Cité de l’emploi de Mulhouse », qui se base sur le travail partenarial avec les acteurs de terrain, les institutions et les entreprises. Une mobilisation partenariale autour d’une nouvelle manière de faire, pour simplifier et aller chercher les gens au plus près.

Un dispositif global pour rassembler l’ensemble des acteurs de l’emploi et de la formation au profit des demandeurs d’emploi des quartiers prioritaires de la politique de la Ville : c’est l’objectif du dispositif des « Cités de l’emploi ». Créé en 2020 par l’État pour répondre à la problématique du chômage dans les quartiers prioritaires, où le taux de chômage est trois fois supérieur à la moyenne nationale, le dispositif concerne désormais le territoire de l’agglomération mulhousienne, labellisé « Cité de l’emploi Mulhouse » depuis juillet 2021.

« Nous avons fait acte de candidature rapidement, avec l’ensemble des partenaires impliqués dans l’emploi sur le territoire de l’agglomération mulhousienne, souligne le Préfet du Haut-Rhin, Louis Laugier, qui pilote le dispositif. Il ne s’agit pas d’un dispositif de plus mais, au contraire, un moyen de simplifier la complexité des différents dispositifs existants, qui repose sur la connaissance des réalités locales des acteurs de terrain. »

Un diagnostic sans œillères

La première étape de la mise en œuvre de la Cité de l’emploi a consisté à réunir l’ensemble des partenaires (État, Maison de l’emploi et de la formation de la région mulhousienne, Mulhouse Alsace Agglomération, Ville de Mulhouse, Sémaphore, Pôle Emploi, Collectivité européenne d’Alsace, Région Grand Est) dans différentes structures de Mulhouse et de sa région, comme les centres socioculturels, les régies de quartier et les agences Pôle Emploi et à établir un diagnostic précis des dispositifs existants, le tout avec la participation directe d’une quinzaine d’entreprises.

Réalisé par deux chargées de missions de la Maison de l’emploi et de la formation, Julie Meyer et Louise Stortz, ce diagnostic s’est voulu très concret et sans œillères. « Ce que l’on constate, c’est que les bénéficiaires sont souvent perdus face aux nombreux dispositifs existants et aux différents acteurs qui travaillent les uns à côté des autres, sans se concerter, explique Julie Meyer. L’accueil de masse ne fonctionne plus, il faut développer le « aller vers » les gens, tout en construisant un langage commun et du lien entre les différentes structures. La méconnaissance des métiers, des formations et de leurs débouchés par les jeunes nécessite aussi de parler davantage des métiers, de les rendre attractifs, de développer les immersions en entreprise… »

La multitude des formations, leur manque, parfois, de lisibilité et d’attractivité, mais aussi les salaires trop bas, les problématiques liées à la mobilité et à la garde des enfants font également partie des freins récurrents à l’emploi, alors même que de nombreux secteurs d’activités (bâtiment, petite enfance, restauration…) peinent à recruter.

« Le guichet unique a vécu »

« Les employeurs pointent souvent un vrai problème de savoir-être au travail, de la part de jeunes candidats qui doivent acquérir une posture professionnelle et les codes du travail en entreprise, poursuit Louise Stortz. Les problèmes de santé, de logement, d’accès aux droits, la barrière de la langue, la fracture numérique sont des vrais freins à l’emploi dans les quartiers populaires, qui nécessitent la présence de relais sociaux dans les structures de proximité, comme les centres socioculturels. Le décrochage scolaire nécessite aussi une action rapide et de proximité. Des initiatives intéressantes, comme des repas de quartier avec des relais institutionnels et les immersions en entreprise, produisent de très bons résultats et doivent être développées. »

« La Cité de l’emploi nous invite à plus d’interactions entre acteurs de l’emploi et aussi à nous déployer dans les quartiers, avec des opérations de recrutement innovantes », poursuit Corine Saint-Pierre, directrice de Sémaphore.

Plus accessible

Marc-Antoine Vallori

De manière générale, c’est le lien distendu avec les institutions qui est souvent pointé du doigt. « Les gens, et particulièrement les publics éloignés de l’emploi, pensent souvent que les institutions ne sont pas pour eux, que ce sont des « boîtes noires » lointaines, explique Cécile Sornin, adjointe au maire de Mulhouse déléguée à la Politique de la ville. Il faut absolument désacraliser les institutions, amener de la clarté, faire des efforts pour être plus accessible et montrer que nous parlons tous le même langage. C’est la proximité avec les habitants qui permet de répondre à ces problématiques, comme nous le faisons avec les Espaces citoyens que nous développons dans les quartiers, des lieux de vie avec des équipes qui peuvent aider les gens au quotidien. »

« Nous devons aller chercher ces gens, abonde Laurent Riche, président de la Maison de l’emploi et de la formation. Le guichet unique a vécu, on ne peut plus travailler comme avant alors que les populations en difficulté ont changé et que les entreprises cherchent à recruter. Il faut travailler avec les acteurs de terrain, se faire connaître au plus près des habitants, avec des ambassadeurs et des relais dans les quartiers. L’exemple réussi du Forum qui s’est déroulé à Bourtzwiller, en septembre dernier, en est un bon exemple. »

Des solutions concrètes

Des propos corroborés par la directrice territoriale déléguée du Haut-Rhin sud de Pôle Emploi, Valérie Colella : « On compte 27 600 demandeurs d’emploi inscrits sur le bassin de Mulhouse, dont 12,5% de jeunes et 27 % de seniors. On parle là seulement des gens inscrits chez Pôle Emploi… Nous devons accompagner les gens qui en ont le plus besoin, ceux qui ont perdu confiance en leurs capacités et ceux qui ont des appréhensions à sortir de leur quartier. Les dispositifs existent, notamment pour passer le permis de conduire ou maîtriser la langue française, il faut les faire connaître davantage. Cela passe par la proximité avec les acteurs de quartier et des actions « sur-mesure » pour faire correspondre les besoins des entreprises et les compétences des candidats. »

Du sur-mesure

L’une des solutions expérimentées consiste à suivre des petits groupes de demandeurs d’emploi et à les former pour coller aux besoins d’une ou plusieurs entreprises. « On demande aux entreprises : « De quoi avez-vous besoin, quels sont les dispositifs adaptés ? », explique Alain Charrier, le sous-préfet de Mulhouse. Concrètement, on passe une convention avec une entreprise qui a, par exemple, besoin de 15 personnes sous six mois et on forme ces personnes dans ce délai. On anticipe, on se met d’accord, on forme et on remet ces gens à l’emploi. »

Parmi les entreprises partenaires, la SCOP Maurer-Tempé qui a un vrai besoin de recrutement, alors qu’elle est confrontée au vieillissement de ses effectifs. « Nous agissons sur trois leviers, souligne Anaëlle Heisch, chef de projet responsabilité sociétale des entreprises chez Maurer-Tempé. La mobilité, en lien avec m2A, pour permettre aux salariés de venir travailler au Kaligone ; la création d’une formation adaptée, avec Pôle Emploi, et un projet de tutorat pour permettre aux salariés de transmettre leurs savoirs aux nouveaux, avec la Région et Sémaphore. » Un bon exemple du travail « sur-mesure » en partenariat entre les entreprises et les différents acteurs de l’emploi du territoire, que prône la Cité de l’emploi.

+ d’infos : agence-cohesion-territoires.gouv.fr

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