Cresus lutte contre le surendettement
25 mars 2024 à 16h57 par Jean Becet2 1630
L’association Cresus, présente à Mulhouse depuis plus de 20 ans, accompagne les personnes en situation de surendettement, notamment pour monter les dossiers à envoyer à la Banque de France.
Malgré l’ironie, l’association Cresus n’est pas nommée en l’honneur de Crésus, le riche roi de Lydie. C’est un acronyme qui signifie Chambre régionale du surendettement social.
Le rôle de l’association est d’accompagner les personnes victimes de situations de surendettement. Christiane Binon, bénévole au sein de l’association, détaille les raisons qui poussent les personnes en grandes difficultés financières à se déclarer comme surendettées : “Le nombre de personnes que nous suivons augmente pour diverses raisons, telles que la perte d’emploi, le chômage, les jours de carence, les accidents de la vie, la maladie, la séparation, le divorce, ou une mauvaise gestion financière avec trop de crédits.”
L’inflation et l’augmentation des coûts de l’énergie font aussi grimper le nombre de personnes qui peinent à payer leurs factures et doivent monter des dossiers de surendettement. C’est par exemple le cas de nombreux retraités avec une petite pension ou le minimum vieillesse.
Les difficultés de la création de dossiers
Christiane Binon tient des permanences deux fois par semaine dans les locaux du service Solidarité, secours et insertion de la Ville de Mulhouse. La bénévole effectue d’abord une première rencontre, pour établir un état du budget des personnes en difficulté. Elle vérifie ensuite la recevabilité pour constituer un dossier de surendettement et souligne la nécessité de fournir de nombreux documents, souvent gérés informatiquement. Les personnes suivies font fréquemment face à la fracture numérique (car sans ordinateur ou connexion Internet). La bénévole les aide alors à rassembler ces documents nécessaires à la construction du dossier.
Lorsque le dossier est finalisé, la Banque de France examine les ressources, les dépenses, les charges courantes et le reste à vivre pour déterminer la capacité de remboursement. Trois options sont possibles : créer un plan de surendettement et rembourser en mensualités, geler les dettes pendant deux ans, ou effacer les dettes. Dans environ 40% des cas, les dettes sont effacées.
Faire évoluer les lois en France
“En France, le fichage positif n’existe pas pour les crédits, comme en Allemagne par exemple, avec la Schufa. Une personne peut très bien aller voir cinq organismes de crédits, dans la même journée, pour demander et obtenir des crédits à la consommation, précise Christiane Binon. La personne ne sera pas en capacité de les rembourser. Les organismes de crédits font aussi des offres alléchantes avec des prêts aux taux très bas, mais sous conditions, par exemple si le crédit est remboursé en moins de trois mois, au-delà, les taux s’envolent. Il en va de même pour les crédits auto ou les achats avec des payements échelonnés, qui deviennent de plus en plus la norme et sont octroyés avec très peu de vérifications.”
123 dossiers déposés en 2023
Christiane Binon a déposé 123 dossiers à la Banque de France en 2023. Mais elle accompagne aussi certaines personnes pour des démarches plus simples, comme les aider à ouvrir un compte en banque. Elle prend l’exemple d’une personne, dont le contrat de travail n’a pas été renouvelé après une maladie, qui a vu son compte en banque clôturé pour un découvert de 40 euros, et n’avait donc plus de compte pour recevoir son allocation chômage. Cette situation a engendré des retards de loyers… Et Christiane Binon l’a donc aidée à faire une demande à la Banque de France pour qu’elle ait le droit d’ouvrir un compte bancaire et régler cette situation.
La bénévole conclut en insistant sur l’aspect gratifiant de son travail, soulignant que certaines personnes retrouvent espoir en venant à l’association, qui cherche d’ailleurs des bénévoles, ayant une expérience dans le domaine juridique ou dans la banque.
+ d’infos : www.cresusalsace.org
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