25 août 2023 à 13h56 par Christophe Schmitt 961 1
Don du sang : « une des rares actions de générosité qui ne coûte rien »
25 août 2023 à 13h56 par Christophe Schmitt9611
L’Établissement français du sang (EFS) organise une collecte de sang, jeudi 31 août au Palais des sports de Mulhouse. Entretien avec le Dr Christophe Forny, responsable des prélèvements de sang dans le Haut-Rhin pour l’EFS.
L’EFS organise régulièrement des collectes de sang, à quoi cela sert-il ?
Nous organisons des collectes quotidiennement : pour le seul département du Haut-Rhin, il y a une quinzaine de collectes par semaine, soit trois chaque jour. Ces collectes ont pour but de répondre aux besoins des hôpitaux et des patients. Il s’agit de produits sanguins à usage transfusionnel, c’est la raison d’être des collectes de sang. Au niveau national, les besoins sont estimés à 10 000 poches par jour.
Où en sont les stocks de sang aujourd’hui ?
Le stock est établi en fonction de l’estimation de la consommation et de la prévision de prélèvements, une équation qui nous permet de calculer le nombre de jours de stock de chaque groupe sanguin. Cela nous permet de renforcer des actions si on est en tension sur l’un ou l’autre groupe. Les besoins en produits sanguins sont assez reproductibles d’un mois à l’autre, voire d’une semaine à l’autre. Ce qui change beaucoup, c’est le nombre de donneurs qu’on a réellement accueillis. Cet été, c’était assez mou, en termes de collecte. La fréquentation, dans le Haut Rhin, comme au niveau national, est inférieure à ce que l’on espérait, ce qui nous met parfois en tension sur des groupes sanguins moins représentés. Je pense, en premier lieu, au groupe sanguin O-, dont on peut transfuser les globules rouges dans certaines situations d’urgence immédiate, à des patients dont on ne connaît pas le groupe sanguin. C’est un groupe que l’on consomme davantage, alors qu’il n’y a que 6% des gens qui sont O-. Nous essayons de maintenir un stock autour de dix jours, pour le O-, nous sommes actuellement à huit jours.
Combien de donneurs comptez-vous dans le Haut-Rhin ?
Sur la population de 18 à 70 ans, la tranche d’âge où l’on peut donner son sang, on est à peine à 5% de personnes qui font au moins un don par an. La plupart des gens ne donnent pas et parmi les 5% de la population qui donne, beaucoup le font moins de deux fois par an. Quand on est sur des périodes de congés, avec des personnes absentes, qui ne viennent pas en raison de fortes chaleurs ou de la pluie, on se retrouve très vite en difficulté pour maintenir les stocks et c’est ce qui se présente en ce mois d’août.
Qui peut donner son sang ?
Pour donner son sang, il faut être majeur et on peut donner jusqu’à la veille de son 71e anniversaire. Il faut prendre du temps : quand on vient sur un lieu de collecte, il faut consacrer environ une heure, entre l’inscription, la préparation à l’entretien médical avec un questionnaire à compléter, le prélèvement qui dure entre 10 et 15 minutes, la zone de repos après le don pour se restaurer et se réhydrater… Il faut avoir une santé qui permette de prélever la poche de sang sans avoir d’effets pour le donneur. Les donneurs peuvent donner tous les deux mois, donc six fois par an et nous les encourageons à le faire, car les besoins sont linéaires et quotidiens.
Avec un don, il est possible de sauver trois vies !
Quel est le parcours du sang, une fois collecté ?
La poche de sang n’est pas transfusée telle quelle. Elle subit un certain nombre d’étapes de séparation, qui vont permettre de récupérer une poche de concentré de globules rouges, une poche de plasma, et on peut aussi obtenir des unités de mélange de plaquettes. Nous pouvons avoir trois produits différents à partir d’une poche de sang, qui peuvent potentiellement servir à trois patients distincts. Avec un don, il est possible de sauver trois vies ! En Alsace, le plateau technique, qui prend en charge la séparation des produits, se trouve à Strasbourg et dispatche sur différents services de distribution, à Mulhouse, Colmar et Strasbourg. C’est la fin de la chaîne, où l’on se retrouve avec la distribution du sang, en interface avec les médecins qui font les prescriptions en fonction des besoins des malades.
Vous organisez une collecte le 31 août, au Palais des sports de Mulhouse…
Nous souhaitons organiser une collecte mensuelle à destination de la population mulhousienne, mais nous rencontrons des difficultés pour trouver des salles. Nous avons donc déployé certains partenariats, notamment avec La Filature et la SIM, qui nous permettent d’organiser des collectes. Pour le mois d’août, le service des Sports de la mairie nous a proposé le hall d’entrée du Palais des sports. C’est une première fois et on ne sait pas du tout si la population va jouer le jeu, car l’action est délocalisée du centre-ville. Nous espérons que des gens qui habitent le secteur franchiront le pas !
Est-il possible de donner son sang en dehors de ces collectes ponctuelles ?
Oui, il y a la Maison du don à Mulhouse, dans l’enceinte de l’hôpital du Hasenrain, où les donneurs peuvent venir sur rendez-vous pour des dons de plasma. Ces derniers sont tout aussi utiles mais nécessitent un appareillage qui ne permet pas d’être déployé en collectes. Il est également possible d’y donner son sang, avec ou sans rendez-vous, du lundi au vendredi et un samedi sur deux. Donner son sang, c’est une des rares actions de générosité et de solidarité qui ne coûte rien, on consacre juste une heure de son temps. Vous venez comme vous êtes, la seule chose que l’on vous demande c’est de passer une heure chez nous !
Jeudi 31 août, de 13h30 à 19h au Palais des sports. Possibilité de prise de rendez-vous sur dondesang.efs.sante.fr
La générosité à deux vitesses, qui offre son sang pour sauver des vies mais laisse crevé le sans-abris dans la rue dans la plus grande indifférence générale.
C’est de la générosité sélective hypocrite.