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24 octobre 2023 à 17h08 par 2 371 0

Épices : la cuisine comme levier de réussite et de partage

Épices : la cuisine comme levier de réussite et de partage | M+ Mulhouse
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Épices : la cuisine comme levier de réussite et de partage

24 octobre 2023 à 17h08 par 2 3710

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Temps de lecture : 5 minutes

Éduquer au goût et à la santé, former les jeunes et les moins jeunes aux métiers de la restauration mais surtout mixer les publics autant que les ingrédients… Implantée à Mulhouse depuis 10 ans, l’association Épices, portée par Isabelle Haeberlin et son équipe, utilise, avec succès, la cuisine comme levier de réussite et de partage.

« Où que vous soyez, la cuisine, l’endroit où on prépare les repas, est bien souvent le cœur du lieu. » Il suffit de pousser la porte de l’un des deux espaces d’Épices, avenue Kennedy ou sur le campus de la Fonderie, pour que cette formule d’Isabelle Haeberlin, la créatrice d’Épices, se révèle dans toute sa justesse. Ici, se retrouvent des élèves de tous les âges, de la maternelle à l’université, leurs parents, de jeunes décrocheurs scolaires, des adultes en formation, des bénévoles fidèles, des personnes âgées… Tous se rassemblent autour de l’activité fédératrice par excellence : la cuisine. « Les participants à nos ateliers vont au marché ensemble, découvrent, choisissent et achètent les ingrédients, avant de les transformer et de préparer les recettes, explique Isabelle Haeberlin. Ils dressent ensuite une belle table et partagent le repas, en échangeant, en créant des liens… Dès qu’on mixe les publics, il y a une plus-value pour tout le monde ! »

Développer l’éducation au goût et le soutien à la parentalité

Et si Épices mixe les publics autant que les ingrédients, elle multiplie aussi les dispositifs et les champs d’action, afin de faire bénéficier le plus grand nombre de ses actions… C’est à Colmar que l’association ÉPICES (pour Espace de Projets d’Insertion Cuisine et Santé) voit le jour, en 2009. Enseignante et directrice d’école en maternelle, Isabelle Haeberlin, qui partage la passion de la cuisine avec son mari Marc, chef de l’institution étoilée L’Auberge de l’Ill, souhaite alors développer l’éducation au goût et renforcer le rôle et l’implication des parents à l’école. Elle crée alors des ateliers de cuisine rassemblant les élèves et leurs parents.

« C’est en souhaitant impliquer davantage les parents dans la vie de l’école que l’idée est née. Je voulais que les parents connaissent mieux l’école, les profs, les lieux, qu’ils deviennent des partenaires pour l’éducation de leurs enfants. J’ai appris à travailler avec les parents en étant enseignante en classe passerelle, dans les écoles de Bourtzwiller, et j’ai constaté que si vous impliquez les parents, si vous leur donnez confiance, les enfants réussissent mieux. Bien s’alimenter est aussi très important, tant pour la santé que pour le porte-monnaie : quand on cuisine, on réduit ses dépenses et on apprend à mieux gérer son budget. »

Épices Kennedy : une école de cuisine pour les élèves, les parents et les jeunes

Catherine KohlerLe potager d’Épices Kennedy

Après la réussite de ces premiers ateliers, Épices s’installe à Mulhouse en 2013 et ouvre son école de cuisine, avenue Kennedy, au cœur de la ville. Dans cet espace, l’association accueille les élèves des écoles mulhousiennes, des jeunes, souvent en difficulté (décrocheurs, mineurs non-accompagnés, jeunes relevant de la justice…), des bénéficiaires du RSA ou encore des mamans, dans le cadre du soutien à la parentalité. Chaque année, ce sont ainsi plus de 900 élèves et parents d’élèves qui fréquentent la cuisine et le potager d’Épices Kennedy pour des ateliers d’éducation au goût, des ateliers parents-enfants ou des ateliers intergénérationnels. Épices a également mis en place l’action Les défis du goût, où des élèves deviennent les tuteurs d’autres enfants, pour relever des défis autour du goût et d’une alimentation saine et variée.

En plus de ces actions d’éducation et de soutien à la parentalité, Épices porte des missions d’insertion, en accueillant des jeunes relevant de la Mission de lutte contre le décrochage scolaire, des jeunes sortis trop tôt du système scolaire, des mineurs non-accompagnés, des bénéficiaires du RSA et de Caritas ou encore des demandeurs d’emploi pour des ateliers visant la construction d’un projet professionnel et de vie.

« L’objectif est de les aider à reprendre pied, à prendre confiance en leurs capacités et de lever les freins à l’emploi. On essaye de faire du sur-mesure, de proposer un accompagnement personnalisé, dans une atmosphère de travail bienveillante et qui favorise l’esprit d’initiative. Cela demande un investissement fort en temps et en personnel, de la part de toute l’équipe d’Épices, qui compte une dizaine de salariés : des cuisiniers et cuisinières, des médiatrices sociales, des chargés de projet… »

Épices Fonderie : un site dédié à la professionnalisation

Catherine Kohler

Pour poursuivre ses missions et accompagner les volontaires vers la professionnalisation, l’association a ouvert, en 2019, un second lieu, au sein du campus de la Fonderie de l’Université de Haute-Alsace. Disposant de deux plateaux techniques, cet espace accueille chaque année, plus d’une centaine d’adultes éloignés de l’emploi ou en reconversion professionnelle, afin de les former aux métiers de la cuisine, en lien notamment avec le Greta. On peut ainsi y passer son CAP Cuisine ou son CQP Commis de cuisine, et effectuer des stages chez des restaurateurs, hôteliers et partenaires.

« L’accompagnement est personnalisé, en fonction du profil de chacun, l’objectif est de faire en sorte que les gens soient prêts à l’emploi et qu’ils se sentent bien. Nous avons un fort taux de réussite aux formations : plus de 95% des gens vont au bout de leur formation. Nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne, une passerelle vers l’emploi ou vers les Centres de formation de la restauration. Ce sont des métiers qui doivent être valorisés, tout comme la formation professionnelle. » Depuis les débuts d’Épices, de nombreuses personnes qui s’y sont formées ont ensuite trouvé un travail dans le secteur de la restauration, avec quelques belles histoires, comme Ousmane Bah, jeune mineur arrivé de Guinée qui travaille désormais dans les cuisines de l’Auberge de l’Ill. (Voir les témoignages dans la vidéo ci-dessous, réalisée pour les 10 ans d’Épices.)

Le site de la Fonderie est aussi une cantine pour les étudiants, le personnel et les visiteurs, qui peuvent y déguster des repas, préparés sur place, à tarifs modérés, les mardis et jeudis midi. On y déguste une cuisine simple et de saison, avec des produits issus majoritairement des filières locales et sur réservation, essentiellement, afin d’éviter le gaspillage alimentaire. Le site d’Épices Kennedy ouvre, lui, ses portes au grand public, tous les vendredis midi, pour des repas partagés (sur réservation : 03 89 57 95 79).

En 2024, un nouveau projet de cuisine intergénérationnelle

Un autre exemple de brassage des populations qui vient aussi éclairer le fonctionnement et le financement de l’association, qui peut compter sur de nombreux partenaires pour mener à bien ses missions, comme son partenariat « central et unique avec l’Éducation Nationale », souligne Isabelle Haeberlin, toujours enseignante, « et fière de l’être ! » La Ville de Mulhouse, la CEA, m2A, l’État, ou encore l’UHA, la Fondation de France, AG2R, EDF, GRDF et de nombreuses entreprises font partie des soutiens de l’association qui travaille quotidiennement pour trouver des financements et des dispositifs permettant l’insertion. Deux étudiants, issus du Master Économie sociale et solidaire de l’UHA, travaillent ainsi au sein de l’association. L’association accepte aussi les dons.

Épices prépare activement son nouveau projet expérimental, prévu pour 2024, avec Amaelles, au sein de la Maison du temps libre. Soit la création d’une cuisine et d’un salon de thé au sein de cet espace accueillant les personnes âgées, pour relier les générations et mettre en lien les jeunes et les personnes âgées. « Un modèle comme celui d’Épices n’existe qu’à Mulhouse. Au départ, on n’aurait jamais imaginé une évolution comme celle-ci. On essaye, on réussit, on échoue parfois, mais on le fait car ça a du sens. On essaye de recréer ce qui manque dans la société», conclut Isabelle Haeberlin.

+ d’infos : www.epices.asso.fr et www.facebook.com/epices.asso

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