22 avril 2020 à 18h40 par Christophe Schmitt 12 970 0
Hôpital : « L’épidémie est toujours présente et génère de nouveaux patients »
Hôpital : « L’épidémie est toujours présente et génère de nouveaux patients »
22 avril 2020 à 18h40 par Christophe Schmitt12 9700
Si une amélioration se fait ressentir, les urgences du GHR Mulhouse Sud-Alsace accueillent des nouveaux patients Covid chaque jour. L’équipe soignante de l’hôpital est toujours pleinement mobilisée et se concentre également sur la réadaptation, qui concerne de nombreux patients après leur hospitalisation…
443 lits Covid, dont 61 en réanimation : si rien n’est gagné dans la lutte contre le coronavirus, une légère éclaircie commence à se faire ressentir au GHR Mulhouse Sud-Alsace, dont les équipes sont pleinement mobilisées et anticipent le jour d’après… « Depuis la fin de la semaine dernière, nous avons retrouvé notre activité habituelle au Samu, avec environ 500 appels par jour, détaille le docteur Marc Noizet, médecin chef du service Samu-Smur-Urgences. Au niveau des Urgences, notre activité représente 65% de l’activité habituelle. Nous accueillons environ 80 patients par jour, dont un quart sont des patients Covid… »
Arrêt de la réserve sanitaire
Si les chiffres paraissent encourageants, le nombre de nouveaux cas hospitalisés confirme que le virus est toujours bien présent. L’équipe du GHRMSA doit, en outre, faire face à d’autres contraintes, directement liées à la pandémie. « Depuis le mois de mars, nous avions 85 professionnels de santé en renfort, dans le cadre de la réserve sanitaire, expose la directrice du GHRMSA, Corinne Krencker. Le renfort de la réserve s’arrête et c’est dommage, car ces ressources sont extrêmement importantes pour nous ! » Autres ressources importantes, les curares, ces médicaments utilisés en réanimation notamment : « Depuis cette semaine, ils sont réquisitionnés et gérés au niveau national, poursuit la directrice. Sans ces produits de sédation, il est difficile de faire de la chirurgie. »
La rééducation, « un sujet très important »
Si l’Élément militaire de réanimation du Service de santé des Armées a été en partie démonté, il accueille toujours neuf patients, sur 20 lits maintenus. Par ailleurs, une centaine des 300 patients transférés hors du département et à l’étranger a pu rentrer à domicile ou regagner un établissement de santé dans le département (dont 30 à Mulhouse). « La rééducation est un sujet très important pour les patients qui ont effectué un long séjour en réanimation, qui ne peuvent pas rentrer chez eux comme ça », souligne Corinne Krencker.
Fluidifier les parcours de rééducation
La question de la réadaptation et des soins post Covid est essentielle pour les équipes soignantes : « Depuis 15 jours, nous avons des patients qui arrivent de réanimation ou de soins intensifs, confie le Docteur Marie-Madeleine Leclerq, directrice médicale du pôle de Médecine physique, réadaptation, rhumatologie, douleur. Leur profil est assez variable et dépend de la durée de leur séjour en réanimation et de leurs séquelles, ce qui nous conduit à les orienter vers des unités conventionnelles ou des soins continus. » Et la directrice du GHRMSA de compléter : « Compte tenu du nombre de patients dans le circuit (1 834 patients traités depuis le 1er mars), nous avons, avec l’ensemble des établissements de rééducation du département, réfléchi à nos parcours, pour permettre à un maximum de patients de bénéficier de cette rééducation et de fluidifier ces parcours… »
Des séquelles lourdes
L’activité des services de Soins de suite et réadaptation (SSR) va, de fait, être amplifiée ces prochaines semaines et les durées de rééducation risquent d’être longues pour certains patients.
« Il faut être vigilant sur la suite, les patients qui restent dans le circuit hospitalier restent extrêmement fragiles », prévient la directrice du GHRMSA.
Le Docteur Yves Passadori, médecin Directeur médical du pôle de gériatrie de Mulhouse fait lui aussi face à ces problématiques, auxquelles s’ajoutent des co-morbidités (NDLR : maladies pré-existantes). « Nous disposons de 80 lits dans notre SSR gériatrique et accueillons des personnes qui ont des séquelles lourdes et dont on sait déjà qu’elles ne retourneront pas à domicile », explique le médecin. Une situation qui pousse l’équipe médicale à remettre en question la filière de prise en charge classique, avec des Ehpad pas forcément en capacité de reprendre les admissions et un système d’aide à domicile lui aussi impacté par le virus…
Droit de visite
Dimanche, le Ministre de la Santé, Olivier Véran a annoncé le rétablissement d’un droit de visite pour les familles dans les Ehpad. « Ce type de visites existait déjà pour les personnes en fin de vie et dans les situations où l’on se rendait compte, en Ehpad, que le manque de vie sociale mettait les personnes en danger », confie le docteur Passadori. De fait, la durée des visites est limitée à 30 minutes, à raison d’une visite par semaine, sur rendez-vous uniquement, en respectant strictement les gestes barrières et sous la responsabilité de l’équipe médico-sociale. Ces gestes barrières restent indispensables, comme le rappelle le Dr Marc Noizet : « L’épidémie est toujours présente et génère de nouveaux patients, ce qui nous rappelle l’importance du confinement et des gestes barrières ! »
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