24 janvier 2021 à 12h08 par Simon Haberkorn 0
Mercyless, The Hook, Sxndrxm, PJ@Mellor… Comment les groupes mulhousiens vivent-ils ces temps de pandémie ?
Mercyless, The Hook, Sxndrxm, PJ@Mellor… Comment les groupes mulhousiens vivent-ils ces temps de pandémie ?
24 janvier 2021 à 12h08 par Simon Haberkorn0
Comme tous les acteurs culturels, les groupes mulhousiens de musiques actuelles vivent actuellement une situation très compliquée. Pas abattus pour autant, c’est via la création mais aussi les captations et résidences proposées par le Noumatrouff qu’ils poursuivent leurs activités, en attendant des jours meilleurs…
Cela fera bientôt un an que les salles de concert, à Mulhouse comme partout en France, sont désespérément silencieuses. La crise sanitaire de la Covid-19 a mis quasiment à l’arrêt le secteur habituellement si dynamique de la culture, et notamment celui des musiques actuelles. « C’est tellement frustrant d’arriver tous les jours au Noumatrouff, un lieu de vie, d’échanges, de rencontres, et de le voir sans vie, de ne pas entendre de musique », témoigne Bryce Knoll, le régisseur principal du Nouma.
Alors que près de 90 groupes répètent chaque année dans les studios de répétition de la salle de musiques actuelles mulhousiennes, ceux-ci ont dû refermer leurs portes au moment du deuxième confinement. L’équipe du lieu met à profit cet arrêt forcé pour redonner un coup de neuf aux six studios de répétition et renouveler le parc de matériel.
« Quand on pourra accueillir à nouveau les groupes, les conditions seront optimales ! En attendant, on essaie de proposer un maximum de résidences, 20 groupes ont ainsi été accueillis depuis le mois de juin (Ndlr: comme Jesers en photo ci-dessus), mais aussi des concerts en streaming et des formations en ligne pour faire vivre la salle et les techniciens qui y travaillent et faire jouer les groupes le plus possible. La semaine prochaine, on accueille ainsi trois groupes en résidence, en partenariat avec le Studio des variétés de Paris, pour qu’ils puissent travailler la scène, la composition, les arrangements ou encore les voix. »
« On continue comme on peut… »
Privés de concerts et souvent empêchés de répéter, les groupes rongent leur frein actuellement. « On a tous vraiment les boules en ce moment », confirme Hugo de The Hook. « Franchement, on se fait chier comme des rats morts, complète Max de Mercyless. Il ne se passe pas grand-chose, on attend et on se pose des questions… » « On continue comme on peut, poursuit Louison de Sxndrxm. On essaye de ne pas s’énerver et de travailler notre nouveau set, de réfléchir à l’aspect visuel, au travail scénique… » Pour Matthieu de PJ@Mellor, « avec le couvre-feu et les restrictions, c’est devenu compliqué de simplement pouvoir répéter tous ensemble. Depuis le mois de mars, tout est devenu très compliqué pour les groupes. »
Concerts et tournées annulés, sorties d’album reportées ou en suspens, impossibilité de faire de la promo… Le milieu de la musique n’a sans doute jamais connu de situation plus compliquée et frustrante. Pour autant, « on ne veut pas pleurnicher sur notre sort, poursuit Hugo (The Hook). On comprend les restrictions et certains vivent des choses bien plus dramatiques. » « La situation est très complexe, c’est un problème de fond pour l’humanité, on le voit tous les jours dans tous les domaines, souligne Max (Mercyless). Avant toute chose, il faudrait déjà reprendre une vie un peu normale. »
Une année de concerts annulés
Pour tous les groupes interrogés, le dernier concert d’avant confinement est souvent un lointain souvenir d’un temps où personne ne considérait les salles comme de potentiels clusters. « On a donné notre dernier concert le 9 mars dernier dans les Pyrénées, explique Max (Mercyless). C’était super mais l’ambiance était déjà en train de changer, on est à peine rentrés à Mulhouse que le confinement a démarré. On avait plein de concerts prévus et tout a été annulé. La sortie de notre album a également dû être repoussée, tout était en standby. Finalement l’album a pu sortir fin août (Ndlr : The Mother of all plagues, salué par la critique), mais sans concerts pour le promouvoir. » Chez PJ@Mellor, l’objectif d’enregistrer un nouvel EP a pu se concrétiser « en jonglant entre les réouvertures. On a pu enregistrer, mixer et masteriser en EP 6 titres, Le temps des cerises chapitre 2, qui ne demande qu’à sortir. En tant que groupe indépendant à dimension régionale, c’est très compliqué de sortir un album si tu ne peux pas en faire la promotion. »
Si les Hook ont pu donner quelques concerts cet été et même cet automne, leur première tournée européenne qui devait démarrer prochainement a dû être reportée. « On était censé partir faire 27 dates dans toute l’Europe, jouer en Italie, en Belgique, à Prague et même en Angleterre, là où le rock qu’on aime a commencé… On avait des projets pour aller jouer en Russie et au Japon mais là aussi, la situation sanitaire a rendu tout ça impossible pour le moment. » Sxndrxm aussi a « perdu beaucoup de dates de concerts, de festivals, de tremplins, et une tournée en Angleterre. La situation est déjà compliquée pour les gros groupes qui ont un tourneur mais pour les groupes comme nous qui faisons notre propre booking, c’est très compliqué d’avoir de la visibilité sur ce qui va se passer… »
La lueur d’espoir &100Ciel
Une lueur d’espoir est quand même venue illuminer l’hiver des groupes locaux, avec l’initiative &100Ciel, portée par l’Eden de Sausheim et le Noumatrouff, qui a permis aux groupes locaux de se produire sur scène, dans le cadre de plusieurs émissions de Noël diffusées en streaming.
« C’était super de se retrouver de nouveau sur scène, souligne Matthieu (PJ@Mellor). Ca remotive, ça nous a vraiment mis du baume au cœur. » « C’était vraiment cool de retrouver une ambiance de concert, de revoir les musiciens et les techniciens, confirme Hugo (The Hook). C’était une chance de pouvoir le faire ! » « Même jouer un seul morceau, c’était génial, conclut Louison (Sxndrxm). Ça fait du bien au moral ! » Ce type d’évènements, tout comme les résidences et captations organisées au Noumatrouff, permet aussi aux techniciens du monde du spectacle de continuer à travailler. « Le plus inquiétant en ce moment, c’est de se demander combien de structures, de salles, de tourneurs vont pouvoir survivre, s’inquiète Max (Mercyless). Plus ça s’éternise, pire ça va être et notamment dans les pays où le statut d’intermittent du spectacle n’existe pas. »
La création comme réponse
Face à cette situation dramatique, les groupes ne baissent pas les bras et profitent de cette période si particulière pour créer et composer. Pour Max (Mercyless) : « Que faire d’autre en ce moment ? La période est propice pour écrire, on travaille à distance, on prépare le prochain album, on a le temps pour travailler sur le son, pour réfléchir à comment retrouver les techniques d’enregistrement analogiques afin d’avoir un son plus naturel et organique. » « Avec les Hook, on crée beaucoup en ce moment, on a déjà pas mal de nouveaux morceaux qui ont vu le jour lors de nos résidences au Willerhof dans le Sundgau, un super endroit avec une super équipe, souligne Hugo. On travaille aussi sur des nouveaux clips et des vidéos. »
Chez Sxndrxm, « 2020 n’a pas seulement été négatif, on a signé sur un label canadien, Hell for Breakfast, et on a créé un nouvel EP, Bad Lovers, pas prévu à la base, qui sortira bientôt. Le premier single sera dévoilé le 5 février ! » PJ@Mellor a également mis à profit les périodes de confinement « pour écrire des morceaux et avancer. On vient de finir six vidéos pour les six titres de l’album, qu’on a hâte de partager ! On travaille aussi sur la promotion, les contacts, tout le travail de fond qu’il faut faire… Mais franchement, une chanson a vocation à être entendue sur scène, la musique c’est avant tout du partage, de la fête et il est temps que la fête revienne ! »
Simon Haberkorn
+ d’infos : www.noumatrouff.fr
Une playlist 100% mulhousienne sur Deezer
« Et si on créait une playlist Mulhouse Capitale du Monde, rassemblant les groupes de Mulhouse et alentours, avec Radio MNE sur Deezer ? » En voilà une (sympathique) idée, qui ne pouvait être que distillée par l’indispensable empêcheur de tourner en rond, Jean-Luc Wertenschlag. « Comme beaucoup de vieux de mon âge, j’écoute régulièrement de la musique sur Deezer et je me suis demandé mais « Où est Mulhouse ? », explique le rugissant cinquantenaire. Mulhouse et ses alentours regorgent d’artistes différents et je trouve super cool de pouvoir les faire découvrir à tout le monde, du métal à l’électro, en passant par le rap ou le rock. »
Lancée il y a 10 jours à peine, la playlist Mulhouse capitale du monde compte déjà près de 250 titres pour 15h de musique, de Marie Gelis à Kamarad, en passant par Siboy, Last Train, The Hook, Jesers et même l’Orchestre symphonique de Mulhouse et « Le chant des partisans ». « L’objectif serait d’atteindre le millier de titres, la plateforme est collaborative, n’importe qui peut proposer son titre », explique Jean-Luc Wertenschlag, fondateur de Radio MNE, qui programme, elle aussi, nombre d’artistes mulhousiens sur le 107.5 FM. MAV
Playlist Mulhouse Capitale du Monde à écouter sur https://deezer
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