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22 mai 2021 à 16h19 par 2 069 0

[Mois du cerveau] Dr Hodé : « Il y a des méfiances qui n’ont pas de sens »

[Mois du cerveau] Dr Hodé : « Il y a des méfiances qui n’ont pas de sens » | M+ Mulhouse
[Mois du cerveau] Dr Hodé : « Il y a des méfiances qui n’ont pas de sens » | M+ Mulhouse

[Mois du cerveau] Dr Hodé : « Il y a des méfiances qui n’ont pas de sens »

22 mai 2021 à 16h19 par 2 0690

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Temps de lecture : 4 minutes

Depuis 2007, le Mois du cerveau rassemble de nombreux acteurs associatifs, afin de mieux faire connaître les pathologies du cerveau et, par la même occasion, de les déstigmatiser. Entretien avec le docteur Yann Hodé, psychiatre et co-fondateur du Mois du cerveau.

Comment est né le Mois du cerveau ?

A l’origine, j’avais été sollicité par le Museum d’histoire naturelle, qui faisait une exposition itinérante qui s’appelait Planète cerveau, pour donner une vision moderne sur les maladies du cerveau. Je leur ai dit que ce serait bien de la faire venir à Mulhouse, ce qui n’était pas possible car nous n’avons pas d’université de médecine. J’étais en contact avec Nanette Reeb (NDLR : co-organisatrice du Mois du cerveau) et je lui avais dit que si j’arrivais à les convaincre, on pourrait organiser quelque-chose. Mon idée faisait suite à une action qu’on avait menée avec le sociologue Christian Guinchard, qui travaillait à l’ISSM à l’époque. On avait fait une enquête sur la stigmatisation dans les maladies mentales et on avait décelé que ce qui contribue à la stigmatisation, c’était d’une part le manque de proximité avec des gens atteints, avec une tendance à avoir des idées assez fausses… Quand ce sont des gens qu’on connaît, on voit que ce sont des gens comme nous, qui sont gênés par des symptômes. D’autre part, en raison d’une méconnaissance sur le plan scientifique de ce que sont les maladies mentales, on ne comprenait pas que c’était des maladies qui se traitaient. Pour lutter contre la stigmatisation, il fallait apporter une information moderne et porteuse d’espoir sur les maladies mentales et créer des contacts avec des gens atteints, pour se rendre compte que ce sont des gens comme tout le monde. L’idée était de faire venir, autour de l’exposition, les associations concernées par les maladies du cerveau, pour rencontrer le public. Le premier Mois du cerveau, c’était ça et les associations voulaient que ça continue !

Aujourd’hui, quel est l’objectif du Mois du cerveau ?

Pendant le Mois du cerveau, en se regroupant, on permet à toutes les petites associations qui n’ont pas les moyens de se faire connaître. Ces maladies sont fréquentes et pourtant les adhérents d’associations sont peu nombreux. Les gens disent toujours qu’ils ne savaient pas que ça existait. L’objectif du Mois du cerveau est de faire connaître ces structures et que les gens ne se sentent pas seuls, qu’à l’occasion d’une conférence, ils puissent en parler.  L’idée, c’est de donner au public des informations modernes et déstigmatisantes, en le surprenant, en montrant que les maladies mentales, ce n’est pas ce qu’il pense et que ça se soigne.

Vous parlez de maladies mentales, concrètement, de quoi s’agit-il ?

Dans le domaine de la psychiatrie, une des maladies les plus courantes et les plus impactantes, ce sont les troubles dépressifs. Il y a des maladies très présentes, qui occupent énormément de lits et ont un impact important, ce sont des maladies comme la schizophrénie. Dans les troubles neurologiques, il y a les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, les migraines, qui sont une des maladies neurologiques les plus importantes, les épilepsies, les AVC… On a également des associations qui ont participé au Mois du cerveau, en lien avec les tumeurs cérébrales.

Comment élaborez-vous la programmation ?

On demande aux associations s’il y a des choses qu’elles aimeraient faire passer au public. Il faut être attractif mais aussi donner une information qui soit porteuse d’espoir, personne n’a envie de passer une soirée où on dit que tout est très grave ! Souvent, on essaie de trouver des sujets qui vont être contre-intuitifs. Une année, on avait fait une conférence sur le cerveau des abeilles, par exemple ! En faisant venir des gens qui n’étaient, a priori, pas concernés par des pathologies mentales, on leur a démontré que tout le monde pouvait être concerné. Nous voulons amener la population à comprendre que l’on peut améliorer des choses. Souvent, la vision du public se résume à « C’est fichu, on ne peut rien faire ». Ce n’est pas vrai, la recherche avance dans ce domaine. Il y beaucoup plus de gens qui s’en sortent bien.

Cette édition, marquée par la pandémie, est particulière…

On s’est posé la question de la maintenir ou pas. Comme cela avait déjà été interrompu l’année dernière, il fallait à tout prix garder une dynamique. Cela ne servait à rien que l’on organise beaucoup de conférences car le public aurait eu du mal à être là, rien n’était sûr… Certaines associations, comme France Parkinson, avaient déjà des choses prévues. On a choisi de faire un thème commun, avec deux conférences sur le Covid : quel est son impact par rapport aux pathologies mentales en général et son impact sur la population comme facteur de stress ? Les conférences ont été filmées, ce qui permet aux gens de les revoir, même si l’idée réside à amener les gens à rencontrer les associations, les voient. Sur Internet, si le public veut des informations, ils peut toujours en trouver. Cette année est exceptionnelle et on voulait que le Mois du cerveau vive pour ne pas casser la dynamique !

Ce Mois du cerveau est-il encore plus important au vu de la situation sanitaire ?

Il y a eu des patients qui ont eu des problèmes d’accès aux soins, des problèmes de renouvellement d’ordonnances… Il y a certains hôpitaux où on a vu un arrêt des consultations pendant le premier confinement. Mais les patients sont malades et ont besoin d’être vus. Nous avons voulu mobiliser les associations sur le Covid, car il touche plus les personnes atteintes de maladies mentales que les autres. Les personnes sont déjà précarisées par les maladies, il faut dire haut et fort qu’il y a une inégalité d’accès aux soins et le Covid a été un révélateur, à cause de la représentation des maladies mentales et de leur stigmatisation. Il y a des méfiances qui n’ont pas de sens et qui amènent les gens à être moins bien traités, uniquement à cause du préjugé.

Du 25 au 28 mai de 10h à 18h, une exposition « Le voyage » présentant des œuvres de personnes en situation de handicap mental, psychique ou neurologique, se déroule salle des Adjudications. Une conférence sur le thème « Covid et accompagnement des personnes fragilisées » est organisée par l’Unafam, le jeudi 27 mai à 18h à La Filature (inscriptions obligatoires par mail à 68@unafam.org) et en visioconférence. Toutes les conférences de l’édition 2021 du Mois du cerveau ont été filmées et mises en ligne sur le site de la Ville de Mulhouse.
+ d’infos sur www.mulhouse.fr

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