Rock : libres comme The Hyènes
15 octobre 2019 à 16h58 par Marc-Antoine Vallori2 1000
Les rockeurs de The Hyènes et Denis Barthe, leur emblématique batteur (feu Noir Désir), seront sur la scène du Noumatrouff, ce vendredi 18 octobre, pour présenter « Ça s’arrête jamais », titre de leur nouvel EP. Interview.
L’histoire de The Hyènes, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre, en 2005, avec Albert Dupontel ?
Complètement ! Avec Albert Dupontel, on se connaissait depuis un moment pour avoir signé avec Noir Désir le générique de son film « Bernie » (ndlr : sorti en 1996). En 2005, il me contacte pour son film « Enfermé dehors », car il souhaite une bande originale rock’n’roll. Avec Jean-Paul Roy, le bassiste de Noir Désir et Vincent Bosler (Very Small Orchestra), nous nous sommes très naturellement lancés dans le projet. Pour ce qui est du nom du groupe, il fait référence à la longue tirade d’Albert Dupontel sur l’hyène dans « Bernie ».
L’objectif n’était pas forcément de faire un vrai groupe et des concerts …
Effectivement, ce projet ne devait pas avoir de lendemain, sauf que quand le film est sorti en 2006, on a commencé à recevoir des coups de fil pour faire des concerts. Si ce n’était pas l’idée première, l’envie de monter sur scène est venue tout naturellement, de manière simple, sans affiche, sans album, sans manager, sans tourneur. On a été rejoint dans l’aventure par Olivier Mathios (du groupe Ten Cuidado)… Que ce soit ensuite lors des concerts du « Bordel Tour » avec la tribu des Cali et consorts ou notre tournée BD concert « Au vent mauvais », née de la rencontre avec le dessinateur Thierry Murat, nous ne nous interdisons rien avec The Hyènes. Nous sommes libres !
« J’ai le plus grand respect pour les gens qui tracent le même sillon »
Cette liberté est-elle synonyme d’un retour aux fondamentaux de la musique ?
(Sourire) On ne devrait jamais s’éloigner justement de la source. Dans le parcours d’un groupe, il y a toujours un moment où l’on s’éloigne de cette impulsion initiale, alors qu’il ne faut justement pas l’oublier car c’est elle qui t’a permis de rencontrer un public. J’ai toujours eu le plus grand respect pour les gens qui tracent le même sillon en essayant de faire le mieux possible. Ce n’est pas être perfectionniste, c’est juste être obstiné. C’est vrai pour la musique, comme pour le boulanger ou le compagnon menuisier.
Présentez-nous « Ça s’arrête jamais », le nouvel EP 5 titres (trois titres originaux et deux reprises) de The Hyènes ?
Encore une fois, on est dans la simplicité. On compose ensemble, on fait tourner les morceaux dans notre local de répétition et souvent, ça finit à 200 km de l’idée de départ. C’est la magie du groupe ! Contrairement à notre album précédent, nous nous sommes demandés si nous avions envie de repartir dans un schéma classique avec une maison de disque. Au final, on a décidé d’être totalement libre et on a fait le pari du crowdfunding (Ndlr : financement participatif) car on n’avait pas les moyens financiers pour réaliser cet album correctement. Et même si nous ne maîtrisons pas toutes les ficelles du crowdfunding comme les jeunes générations, il y a eu une vraie mobilisation autour de notre projet, qui nous a époustouflés. Du coup, on a décidé de sortir un EP de 5 titres (ndlr : le 11 octobre), puis de tester de nouveaux morceaux sur scène, que l’on enregistrera à l’issue de nos 15 dates de concerts, jusqu’à la mi-décembre. Enregistrer après avoir rodé les morceaux sur scène est un fantasme ! Notre deuxième EP sortira en avril et notre album l’été prochain, dans son intégralité. Nous espérons, à cette période, être programmés dans des festivals, si les organisateurs veulent bien de nous…
« Il ne faut pas être nostalgique »
Denis Barthe est-il toujours rock’n’roll en 2019 ?
Ce qui tombe bien, c’est en tout cas que je n’ai pas à me forcer ! Si on perd cette envie de faire, on est foutu. Là je suis sur la lancée, j’ai la pêche avec mes camarades et j’ai la chance de jouer avec des gens qui ont la même philosophie, avec une motivation intacte. Que ce soit dans la musique ou dans d’autres domaines, il ne faut jamais remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui. Car demain, c’est trop tard ! Avec The Hyènes, il n’y a jamais personne qui dit je ne peux pas venir, j’ai piscine (rires) : on est tous présents et investis ! On estime qu’on a quelque chose à dire et à jouer maintenant. Jean-Paul Roy (bassiste de Noir Désir) n’a pas voulu repartir en tournée, cela s’est fait en toute camaraderie. C’est Luc Robène, un vieux pote qui jouait déjà avec nous, lors des prémices de Noir Désir de 1982 à 1985, qui a rejoint le groupe.
L’après Noir Désir est aujourd’hui complétement digéré ?
Oui ! Il ne faut pas être nostalgique, il faut aller de l’avant. Je suis très très fier de tout ce qu’on a fait et de notre parcours avec Noir Désir. Comme les autres membres de Noir Désir, j’ai donné énormément au groupe et au final, il m’a renvoyé mille fois plus que j’ai donné, en termes de sensations, d’émotions, de rencontres… Du coup, je n’ai aucune nostalgie, aucune tristesse, aucune rancœur. Avec The Hyènes, ce sont de nouvelles pages qui s’ouvrent. Et s’il y a bien quelque chose qui me nourrit chaque jour, c’est de trouver le bonheur. Ça peut paraître stupide à dire mais n’allons pas chercher le malheur, lui il s’invite tout seul !
Propos recueillis par Marc-Antoine Vallori
Vendredi 18 octobre à 20h au Noumatrouff. En première partie, le groupe mulhousien Pj@Mellor. + d’infos : 03 89 32 94 10 – noumatrouff.fr
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