La Filature, Mulhouse
C’est à Beja, tout au sud du Portugal dans la région de l’Alentejo, qu’a grandi António Zambujo. C’est là qu’il a pu écouter le fameux « Cante Alentejano », chant traditionnel d’hommes dont la polyphonie accompagnait le travail. Puis il y eu le choc d’une rencontre : celui du fado d’Amália Rodrigues. C’est sans doute elle, la diva du blues portugais avec sa mélancolie transcendée, qui allait définitivement décider du destin de cet homme à la voix d’ange. Il avouera même avoir pleuré à 24 ans lors de sa disparition en écoutant en boucle un de ses disques. Aujourd’hui, à tout juste 40 ans, il incarne la figure d’un néo fado qui n’est plus tout à fait du fado, mais qui en possède toute l’intensité. Et de fait son timbre de velours a quelque chose de João Gilberto, Caetano Veloso ou Chico Buarque… Ses compositions se sont teintées au fil du temps de bossa-nova mais également d’un jazz à la Chet Baker, sans oublier les traditions rurales de sa région d’origine. Avec une équipe de musiciens auxquels il reste fidèle, il a su créer un son bien à lui, un univers qui accueille avec hospitalité sa voix à la beauté singulière qui réunit en elle le masculin et le féminin. Une saudade lumineuse qui mêle lamento et jazz avec une douce sensualité.
Grande salle.