24 mars 2021 à 11h48 par Marc-Antoine Vallori 1 573 0
Testée pour vous : la visite, par téléphone, de l’exposition de La Kunsthalle
Testée pour vous : la visite, par téléphone, de l’exposition de La Kunsthalle
24 mars 2021 à 11h48 par Marc-Antoine Vallori1 5730
L’actuelle exposition « Qalqalah قلقلة : plus d’une langue » de La Kunsthalle se laisse visiter au détour d’une discussion téléphonique avec une médiatrice du centre d’art. Une expérience, gratuite et insolite, en réponse à la situation sanitaire du moment.
« Laissez-vous conter l’exposition ! La Kunsthalle vous propose une discussion téléphonique autour de l’exposition « Qalqalah قلقلة : plus d’une langue » avec une médiatrice du centre d’art », du lundi au vendredi de 13h à 15h (30 mn environ)… » Banco ! Dans le désert culturel du moment, en voilà une sympathique proposition. Deux clics sur le site de réservation en ligne et me voilà, une poignée de secondes plus tard, avec un rendez-vous en bonne et due forme un mercredi de mars, à 14h30 précises.
Echanges et découvertes
A l’heure dite et à l’autre bout du combiné, les présentations débutent avec Marine, médiatrice à La Kunsthalle. « Je vous poserai des questions et si vous ne souhaitez pas y répondre, n’hésitez pas à me le dire, vous pouvez évidemment m’interrompre en retour et me poser les vôtres ». Le ton est donné, c’est parti, montre en main, pour 27 mn d’échanges et de découvertes autour de cette exposition, hors des sentiers battus, à la croisée de « langues multiples, hybrides, acquises au hasard de migrations familiales, d’exils personnels ou de rencontres déracinées », dont mêmes Les Inrocks se font l’écho.
« Avez-vous ressenti des émotions ? »
« Je suis au milieu de l’espace d’exposition. Pour aborder la première œuvre, je vais me diriger vers l’entrée, je vais vous laisser écouter une œuvre sonore, 1 à 2 mn », explique Marine, avant de poser ses premières questions : « Vous pouvez reconnaître la langue parlée ? Avez-vous ressenti des émotions ? » Réponse du bout des lèvres du visiteur téléphonique du jour : « Alors pour la langue, c’est de l’arabe, je pense, et, pour être franc, je n’ai pas ressenti plus d’émotions que ça à l’écoute. C’est grave ? » Mon honnêteté s’avère payante car je reçois en retour les explications très didactiques de ma guide du jour me faisant, entre autres, découvrir Mounira Al Solh, artiste née à Beyrouth, que l’on retrouve dans l’expo « Qalqalah » mulhousienne.
« La série Les Feux de l’amour, ça vous parle ? »
Après avoir échangé autour des différentes significations des mots au regard de leurs prononciations et des différents dialectes, la visite se poursuit au détour d’œuvres parlant du témoignage. Une nouvelle occasion de digresser aussi vers la connaissance de ma propre histoire familiale, de sa transmission… et surtout de parler de l’œuvre de Benoît Grimalt qui aborde, ici, son histoire singulière par le biais de la série télé « Les feux de l’amour », suivie par sa grand-mère. « Ça vous parle à vous, cette série ? », me demande l’interlocutrice. Réponse en forme de pirouette « Euh, c’est un peu un secret inavouable, mais j’avoue, oui je la connais, par ma grand-mère aussi, du moins pour la version officielle… » Ce qui déclenche une belle tranche de rire avec Marine… Les descriptifs se multiplient et la médiatrice regorge d’ingéniosité pour me plonger dans les œuvres en laissant libre cours à mon imagination et mon interprétation du réel. Avant que ne sonne l’heure du bilan, en solo… Ma complice, embarquée dans l’expérience du jour, ayant abandonné la visite depuis longtemps pour s’adonner à des tâches domestiques plus futiles.
Expérience positive et… frustrante
Pour moi, qui ne m’étais sciemment pas documenté (il est possible notamment de suivre une visite vidéo en ligne commentée de l’exposition via kunsthallemulhouse.com), je dois dire que l’expérience est sur ce point plus que positive. Cette première me laissera aussi – mais c’est le jeu – une pointe de frustration du fait de l’impossibilité de voir les œuvres, malgré les efforts et la voix des plus agréables de Marine pour rendre cette visite téléphonique la plus palpable possible. Cela dit, cette visite téléphonique d’un genre nouveau déclenche l’envie d’aller découvrir l’expo pour de vrai, dès que les conditions sanitaires le permettront, « Qalqalah » étant encore à l’affiche de La Kunsthalle jusqu’au 21 mai prochain. Ce qui laisse une certaine marge et de menus espoirs…
Exposition « Qalqalah قلقلة : plus d’une langue », jusqu’au 21 mai à La Kunsthalle. Discussions téléphoniques autour de l’exposition, du lundi au vendredi de 13h à 15h (30 mn environ). Gratuit, sur réservation au 03 69 77 66 47 ou via le lien de réservation.
+ d’infos sur kunsthallemulhouse.com
« Multiplier les moyens pour entrer en contact avec les publics »
« Depuis un an et le début de la crise sanitaire, nous essayons de multiplier les moyens pour entrer en contact avec les publics. Comme d’autres centres d’art français, nous avons décidé de tester le format des visites par téléphone, confie Sandrine Wymann, directrice de La Kunsthalle. Les inscriptions marchent plutôt bien, et comme c’est par téléphone, on touche des publics de partout en France, beaucoup de gens sont curieux du format. Des articles de presse, comme celui des Inrocks, nous aident évidemment. La fermeture au public nous oblige à communiquer pour exister. Nous avons fait le choix de monter les expositions et nous sommes donc parés à toutes les situations ». Y compris la réouverture au public, post crise sanitaire. « Aucune visite, par visio ou par téléphone, ne remplacera l’accueil physique du public, nous en avons besoin. Même si le moral est bon et que nous ne manquons pas d’activités et de défis, la situation perdure depuis un an, c’est forcément long ! »
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