On peut les comparer à des déchets, invisibles certes, mais qui ont une empreinte environnementale : les données numériques sont sous le feu des projecteurs du Digital cleanup day, du 18 mars, qui se décline tout au long de cette semaine à Mulhouse.

« Quand on produit des données, c’est stocké sur des serveurs, ça a un impact sur l’environnement. Mais la partie la plus impactante est l’équipement numérique, et ce d’autant plus que l’on a tendance à toujours vouloir la technologie la plus récente et qu’on se sépare de nos équipements avant la fin de leur vie », expose Estelle Mangold, chargée de mission Ville des intelligences à la Ville. Partant de ces constats et de celui de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui estime que le numérique représente 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre, la Ville a décidé de passer à l’action en agissant sur plusieurs leviers.

Nettoyage de données et recyclage de matériel

Pour le Digital cleanup day, qui se cale sur la Journée mondiale du recyclage, les Mulhousiens sont ainsi appelés à nettoyer leurs données numériques et à remplir la jauge symbolique mise en ligne sur le site de la Ville. Des conseils sont également donnés aux utilisateurs pour nettoyer leurs ordinateurs, smartphones, boîtes mail… Mieux, une action de recyclage de matériel a aussi été mise en place, permettant de réemployer des tablettes, ordinateurs ou téléphones, en partenariat avec le Technopôle. Concrètement, c’est le site Internet du Technopôle qui recense les différents lieux et modalités de collecte de matériel informatique dans le Sud Alsace. Du réseau des déchetteries de la région mulhousienne à Emmaüs Connect, en passant par la Cité du réemploi ou même le Lions club zone Sud Alsace, de nombreux acteurs forment ainsi un réseau fondateur pour amorcer une filière locale de réemploi.

Réemployer pour réduire la fracture numérique

« La démarche de la Ville des intelligences est de travailler sur les questions de l’innovation et du numérique, autour de la lutte contre la fracture numérique mais aussi de la durabilité », poursuit Estelle Mangold. Ces deux piliers, qui sont mis en avant lors du Digital cleanup day, sont au cœur d’actions menées tout au long de l’année par les services municipaux. « L’une des mesures les plus efficaces est d’allonger la vie du parc informatique, explique Carino Spicacci, directeur délégué auprès du directeur général des services. À la mairie, nous sommes passés d’une durée de vie de cinq à six ans et une partie du renouvellement doit être faite avec du matériel recyclé. » « Lorsque les équipements arrivent en fin de vie, on s’inscrit dans des filières de recyclage et des expériences de réemploi, complète Estelle Mangold. On aimerait structurer et faire connaître la filière du réemploi, car des équipements réemployables pourraient être replacés dans le réseau de solidarité, pour réduire la fracture numérique. »

Sensibiliser le public

« Le Digital cleanup day permet de faire un focus sur ces actions, de mobiliser les partenaires et de sensibiliser le public à ces questions », confie Estelle Mangold. L’objectif affiché de dépasser les 515 Go de données nettoyées atteint, pour l’heure, 11%. « La jauge permet de stimuler un peu les participants, complète la chargée de mission. Elle permet aussi de convertir l’empreinte carbone de cette économie de données en choses très concrètes. On ne réalise pas à quel point des mails peuvent avoir une empreinte carbone ! » Et parce qu’un exemple vaut mieux que mille mots, la suppression de 100 petits mégaoctets de données, soit l’équivalent d’une quinzaine de photos numériques, correspond à l’économie de 2 kilos de CO2, soit l’équivalent d’un parcours de 9km en voiture ou de 848 km en TGV…

+ d’infos sur www.mulhouse.fr et www.technopole-mulhouse.com