22 mars 2024 à 11h19 par Simon Haberkorn 2 418 0
Une exposition et deux musées pour percer le mystère Luigi Pericle
22 mars 2024 à 11h19 par Simon Haberkorn2 4180
Artiste mystérieux et méconnu, le peintre et illustrateur suisse Luigi Pericle se dévoile à Mulhouse, à l’occasion de sa première exposition monographique française, « D’un monde à l’autre », à découvrir au musée des Beaux-Arts et au Musée de l’automobile, jusqu’au 18 août.
Méconnu et nimbé d’un halo de mystère, l’artiste suisse Luigi Pericle (1916 – 2001) se retrouve aujourd’hui en peine lumière, à la faveur de l’exposition que lui consacrent le musée des Beaux-Arts et le Musée de l’automobile. « Il s’agit de la première collaboration entre le musée des Beaux-Arts et le Musée de l’automobile, explique Isabelle Dubois-Brinkmann, directrice du musée des Beaux-Arts et du musée Historique. Le lien entre les deux musées, mais également entre Luigi Pericle et Mulhouse, s’est fait autour de la Ferrari 250 MM Spider, issue de la collection Schlumpf et conservée au Musée de l’auto. » « Cette Ferrari légendaire fut la toute première 250 MM produite, souligne Ellia Saunier, responsable scientifique du Musée de l’automobile. Elle a appartenu à Luigi Pericle qui l’a revendue et elle a été rachetée par Fritz Schlumpf en 1964. »
Le créateur de Max la marmotte
Sa passion pour l’automobile n’est qu’une facette de la personnalité fascinante de Luigi Pericle, illustrateur puis peintre devenu célèbre dans les années 60, qui décidera ensuite de se couper du monde pour poursuivre une quête artistique et spirituelle dont l’étendue ne sera découverte que 15 ans après sa mort… Né à Bâle, en 1916, Pericle Luigi Giovannetti de son nom complet, s’est rapidement intéressé à la peinture. C’est pourtant en tant qu’illustrateur qu’il devient célèbre, sous le nom de Giovannetti, avec la création du personnage de Max la marmotte, en 1951. « Max la marmotte a été publié dans le monde entier, notamment dans des journaux comme le Washington Post et le Herald Tribune, explique Cecilia Lodato, chargée d’exposition au musée des Beaux-Arts. C’est un personnage muet, avec des situations compréhensibles par tous, ce qui a contribué à sa diffusion, jusqu’au Japon. »
Poursuivant parallèlement sa carrière de peintre, Luigi Pericle rencontre un grand succès au début des années 60, exposant dans les galeries et musées les plus prestigieux, aux côtés de maîtres comme Dubuffet, Giacometti, Ernst ou Picasso. Féru de connaissances, notamment de philosophie orientale ou de mythologie grecque et égyptienne, mais également d’astrologie et même d’ufologie, il décide de se retirer du monde de l’art et même du monde tout court en 1965. « Le côté matérialiste ne l’intéresse pas, il est en recherche d’épure, de beauté absolue, de spiritualité et de transcendance », poursuit Cecilia Lodato. C’est donc chez lui, à Ascona, dans le Tessin, que Luigi Pericle va continuer à travailler, produisant en secret de nombreuses œuvres, jusqu’à sa mort en 2001.
Oublié puis redécouvert…
Sans héritier, Luigi Pericle tombe dans l’oubli et sa maison reste fermée pendant 15 ans. C’est alors qu’entrent en scène Andrea et Greta Biasca-Caroni, les voisins de l’artiste, qui le connaissaient et le fréquentaient depuis 1985. « En 2016, l’État décide de vendre sa maison et nous en faisons l’acquisition, raconte Andrea Biasca-Caroni. Elle était restée figée dans le temps et en la parcourant nous découvrons toutes les œuvres de Luigi Pericle, très bien conservées : des peintures, des illustrations, près de 4 000 encres de chine dans des boîtes de conservation, des carnets, des manuscrits… »
Le couple décide alors de créer l’Archivio Luigi Pericle, une association à but non lucratif, afin de faire connaître l’artiste et son œuvre. Redécouvert, Luigi Pericle a ainsi été exposé récemment à Londres, Venise, Rome, Lugano et Paris, avant de bénéficier de sa première exposition monographique française, à Mulhouse.
Le musée des Beaux-Arts invite ainsi à une plongée dans l’œuvre foisonnante de Luigi Pericle, dans toutes ses dimensions : des œuvres d’illustration, des encres de chine, des peintures abstraites et tridimensionnelles, son roman inachevé… Ces cinq salles d’exposition, habilement scénographiées par Sandrine Ziegler Munck, se complètent d’une sixième salle, au Musée de l’automobile où l’on peut découvrir sa Ferrari mais également la passion de l’artiste pour l’automobile. Les éditions Mediapop ont édité un catalogue de l’exposition, alors qu’un livret de jeu pour les enfants permet de découvrir l’exposition de manière ludique.
Jusqu’au 18 août au musée des Beaux-Arts, 4, place Guillaume Tell. Ouvert tous les jours de 13h à 18h30 (fermé mardis et jours fériés). Entrée libre. / Musée de l’automobile, 17, rue de la Mertzau. Ouvert tous les jours de 10h à 17h (18h à partir du 6 avril). Tarif réduit (14€) au Musée de l’auto sur présentation d’une contremarque du musée des Beaux-Arts. + d’infos : beaux-arts.musees-mulhouse.fr et musee-automobile.fr
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