Après Nanuq en 2016, le Parc zoologique et botanique de Mulhouse vient de connaître une nouvelle naissance d’ours polaire. Exceptionnelle, cette naissance, la cinquième seulement d’un ours polaire en France depuis 20 ans, illustre l’expertise des équipes du parc, engagées pour la préservation des espèces.

Il est arrivé discrètement le 22 novembre dernier, aux alentours de cinq heures du matin : un ourson polaire est né au Parc zoologique et botanique de Mulhouse. Deuxième bébé du couple d’ours polaires du parc mulhousien, Sesi la maman et Vicks le papa, cette naissance est seulement la cinquième d’un ours polaire viable en France depuis plus de 20 ans, la deuxième à Mulhouse. Tout le monde – ou presque – se souvient, en effet, de la naissance de la petite femelle Nanuq, en novembre 2016. Devenue une véritable ambassadrice de la protection des espèces et de leur milieu naturel, Nanuq a rejoint le zoo de Munich en 2020.

Comme lors de la naissance de Nanuq, la direction du Parc et les équipes zoologiques restent prudentes car les premières semaines de vie d’un ourson polaire sont délicates. « Même si nous bénéficions de l’expérience enrichissante de la naissance et de l’élevage de Nanuq, nous restons prudents dans nos annonces et veillons à ne créer aucune agitation autour du couple mère-petit, explique Benoît Quintard, docteur-vétérinaire du Parc. Pour l’instant, l’homme n’intervient pas et laisse les instincts de la mère et du petit se manifester d’eux-mêmes, sans aucun contact avec l’humain. »

« Ne pas créer de stress »

Une caméra a été installée dans la tanière de maternité et filme en continu, ce qui permet une observation non intrusive de la part des équipes animalières. Prochainement, le public pourra observer la loge de Sesi et de son ourson sur des écrans. La date de retour de la mère en extérieur et les premiers pas de son ourson seront dictés par la seule motivation de la mère à quitter sa tanière. « Comme nous avons déjà pu l’observer avec Nanuq, Sesi, la mère, a un très bon instinct maternel et manipule son petit avec précaution pour le mettre à la mamelle. Il ne faut en aucun cas créer de stress par la présence de l’homme par exemple, car cela pourrait entraîner un désintérêt de la mère pour son petit. Un accident peut vite arriver. Rappelons qu’une femelle pèse autour de 300 kg et son petit 300 g. »

Le sexe de l’ourson ne sera ainsi connu qu’à l’issue des premiers examens réalisés par les vétérinaires. Une sélection de prénoms sera alors soumise au vote des visiteurs. En attendant, cette naissance exceptionnelle vient rappeler les nombreuses menaces qui pèsent sur les ours polaires et leur habitat.

Conservation des espèces et des milieux naturels

« Alors même que l’ours polaire n’est aujourd’hui officiellement pas menacé, la communauté scientifique redoute une extinction très rapide, dans les prochaines décennies, si rien n’est fait pour lutter très activement contre la fonte de la banquise, explique le docteur-vétérinaire Brice Lefaux, directeur du Parc mulhousien. L’action des parcs zoologiques prend alors un double sens : conserver un patrimoine génétique qui, s’il est certes moins menacé aujourd’hui que celui de certaines espèces, peut disparaitre dans quelques décennies à peine, et mettre à profit le capital sympathie de l’ours polaire pour sensibiliser les publics au rôle que nous pouvons tous jouer, chacun à son échelle, dans la lutte contre le réchauffement climatique. »

« La conservation par les parcs zoologiques d’espèces menacées n’a de sens que si elle s’accompagne d’une prise de conscience de la fragilité des habitats naturels et de sa protection. Le parc zoologique du XXIe siècle joue un rôle de pont entre l’homme urbain, la nature et les dangers qui la menacent. Des évènements aussi exceptionnels que la naissance d’un ours polaire donnent une dimension très concrète à un message parfois très théorique. »

Le Parc zoologique et botanique de Mulhouse est actuellement fermé, en raison de la situation sanitaire. + d’infos : www.zoo-mulhouse.com