17 février 2022 à 15h14 par Marc-Antoine Vallori 2 386 1
« Shooting Covid » : les instantanés sans clichés de Catherine Kohler
« Shooting Covid » : les instantanés sans clichés de Catherine Kohler
17 février 2022 à 15h14 par Marc-Antoine Vallori2 3861
Avec « Shooting Covid », décliné en livre et en exposition, Catherine Kohler porte un regard singulier sur les trois premiers mois de la crise sanitaire à Mulhouse, entre février et mai 2020. Un récit photographique plus qu’utile pour la mémoire collective, délivré avec pudeur et authenticité.
Que ce soit dans la presse, sur les réseaux sociaux ou encore pour M+ et la Ville, vous avez sans doute déjà vu les clichés de Catherine Kohler, qui fait de ses instantanés débordants de vie sa marque de fabrique, son ADN. Ce que vous savez peut-être moins, en revanche, c’est que la pétillante photographe mulhousienne a suivi de (très) près les trois premiers mois de la crise sanitaire, entre février et mai 2020, qui donnent naissance aujourd’hui à « Shooting Covid – Une photographe au cœur de la crise ». Un livre ou, plus exactement, un récit photographique dans lequel Catherine Kohler raconte sa ville et livre une bonne part d’elle-même, à travers les 264 pages qui composent l’ouvrage, rythmées chronologiquement par 170 clichés, majoritairement en noir et blanc, et des textes co-écrits avec la journaliste-éditrice Laura Peinchina.
Deux ans, jour pour jour
La sortie du livre, qui s’accompagne d’une exposition aux Archives municipales, ce vendredi 18 février, ne doit rien au hasard. « Deux ans plus tôt, jour pour jour, je couvrais, pour l’agence Sipa Press, la visite du président Macron à Bourtzwiller (Ndlr : venu s’exprimer sur le séparatisme islamiste – notre article) et, le 6 mars, on apprenait qu’un rassemblement évangélique, qui s’était tenu au même moment à quelques mètres de là, à Bourtzwiller, était à l’origine du plus important cluster de coronavirus dans notre pays… », explique la photographe, alors indépendante. Les premières mesures prises localement allaient rapidement laisser place au premier confinement, décidé à l’échelle nationale, à partir du 17 mars, pour très exactement 1 mois et 25 jours de temps suspendu…
Temps suspendu
« Du jour au lendemain, tout s’est arrêté, la ville était quasi-déserte. Pour moi qui photographie des gens et des moments de vie, et qui d’ordinaire ne fait que peu de photos de faits divers ou liées à des catastrophes, j’ai été complément paumée au départ. À la différence des photographes de presse qui doivent répondre à des demandes précises des rédactions, j’avais, en tant que photographe indépendante, une liberté de choisir les sujets. J’ai pris le parti de ne pas faire dans le sensationnalisme, pas plus que de photographier des malades, mais de concentrer mon travail sur la crise sanitaire à Mulhouse, ponctuée par des moments forts comme l’installation de l’hôpital militaire, le transfert de patients, le Centre 15 saturé, puis la filière textile mobilisée pour produire des masques… Je me souviens aussi d’avoir attendu, durant cinq heures, le passage d’un avion sanitaire dans un champ, à côté de l’EuroAirport, ça paraît aujourd’hui presque irréel… »
Laisser des traces
Autant de clichés repris par l’agence Sipa Press et publiés sur les propres réseaux sociaux de la photographe, qui trouvent un large écho et agiront comme des ondes de choc chez David Bourgeois, alors archiviste à la Ville de Mulhouse, qui voit en eux « une source historique de premier ordre ». Un message reçu cinq sur cinq par l’intéressée, qui n’hésitera pas à faire don de 400 clichés numériques comme « autant de traces de cette page de l’histoire de notre ville, si marquée par la pandémie ». L’idée d’un livre n’était pas encore née pour autant…
« Chacun a vécu la crise sanitaire de manière particulière, chacun a son histoire. Moi, ce qui m’intéressait, c’était d’abord de faire des photos pour les conserver aux Archives. Je ne voyais pas, à l’époque, qui pouvait être intéressé par mon témoignage, ça me semblait complétement nombriliste. D’ailleurs, je vois encore d’abord, à travers cet ouvrage, la possibilité d’échanger avec les gens sur la crise sanitaire et la façon dont ils l’ont vécue… » La rencontre avec Laure Peinchina, sa troisième complice de cette aventure au final collective, servira de déclic. « Au départ, je pensais juste à faire un livre de photos, c’est elle qui m’a convaincu de la nécessité de me raconter. Laure m’a pris sous son aile, elle a tout chapeauté. « Shooting Covid », c’est elle, elle a ordonné le livre, elle a rythmé le récit… », explique Catherine Kohler.
« Mulhouse comme un boomerang »
Restait à concrétiser le tout en trouvant un éditeur et qui de mieux que Philippe Schweyer – et son indispensable maison d’édition mulhousienne Médiapop Editions – pour remplir cette mission. Le récit photographique lié à la crise sanitaire mulhousienne s’arrête le 18 mai pour Catherine Kohler – et se prolonge quelque peu sur l’après et le retour progressif à la vie « normale » -, désireuse de « passer à autre chose ».
Fort heureusement, sa vie de photographe, passionnée par sa ville, se poursuit avec toujours la même énergie. « J’ai toujours eu beaucoup d’empathie pour les gens, celle-ci s’est encore décuplée avec la crise sanitaire. J’ai un infini respect pour tous ces gens de l’ombre qui se sont défoncés durant cette crise, le personnel médical, bien sûr, mais aussi tous ceux qui étaient en première ligne, ces gens de l’ombre, du balayeur à la caissière… Mulhouse, c’est ma ville, j’y suis née, j’y ai étudié, j’y ai ma famille, mes amis, mon environnement professionnel. Bref, je l’aime et même, si parfois, je suis allée ailleurs, j’y suis toujours revenue, comme un boomerang ! »
Rencontrer Catherine Kohler et l’équipe de « Shooting Covid »
Plusieurs options s’offrent à vous pour rencontrer l’équipe de « Shooting Covid », à l’occasion de la sortie du livre, ce vendredi 18 février, dans toutes les bonnes librairies et du démarrage, ce même jour – et jusqu’au 31 mai – de l’exposition du même nom aux Archives municipales (80, rue du Manège).
Catherine Kohler (photographe), Laure Peinchina (rédactrice) et David Bourgeois (archiviste) proposeront une table-ronde ouvertes à tous, ce vendredi 18 février à 16h30, aux Archives municipales. Autres possibilités pour rencontrer les trois complices, deux rencontres-dédicaces se tiendront, successivement, le samedi 19 février de 10h à 13h à la librairie Bisey, puis de 15h à 18h à la librairie 45 Degrés Nord (entrée libre).
« Shooting Covid – Une photographe au cœur de la crise », Catherine Kohler et Laure Peinchina, Médiapop Editions, 264 pages, 20 euros.
Je suis fière de ma fille un livre unique bien rédigée En tant que mère j ai vécu des moments forts avec elle Volontaire dans tous les domaines attractif affronte toutes situations à lire je l ai lu avec des larmes aux yeux Un sacré passage dans notre vie JE t aime maman